Antiquités-Brocante

Un salon en demi-teinte à Antibes

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 30 avril 2004 - 553 mots

La clientèle étrangère tant désirée ne s’est pas pressée aux portes de la foire organisée sur la Côte d’Azur.

 ANTIBES - Le Salon d’Antiquités-Brocante du Vieil-Antibes, qui s’est déroulé du 3 au 19 avril, n’a pas échappé à la crise. Dès le vernissage, la bonne humeur méridionale a été tempérée par un calme inhabituel. Outre la défection des régiments de visiteurs étrangers, les intempéries ont compromis l’ambiance habituellement festive du salon. Le dernier vendredi, le salon a même dû fermer ses portes in extremis pour cause de tempête. Pour faire bonne figure ou conjurer le sort, les marchands usent et abusent de la litote. « Cela ne s’est relativement pas trop mal passé par rapport à la catastrophe générale », convient le spécialiste de l’Art déco, le Niçois Alain Braunstein, qui doit ses ventes à la fidélité de ses clients britanniques. Son cabinet chinois vers 1925, meuble pour export dans sa laque poudrée d’argent, proposé pour 18 000 euros, a été réservé par un Allemand. Son spectaculaire tableau de Majorelle, prêté à l’occasion de la rétrospective de l’artiste à l’Institut du monde arabe à Paris, n’était en revanche pas à vendre, en tout cas pas à moins de 200 000 euros.
Malgré la crise, les prix des œuvres n’étaient pas au rabais, et ce, aussi bien côté antiquaires que côté brocante. On s’étonnait parfois devant certains montants comme les 75 000 euros exigés par la galerie Martin du Louvre pour une sculpture de Michel Zadounaïsky. Une Psyché abandonnée d’Augustin Pajou, issue d’une collection française, était annoncée pour 195 000 euros. « On a apporté cette pièce pour nous faire plaisir, mais on ne sait jamais, il y a des gens fortunés qui ont du goût et qui passent ici », confiait le jour du vernissage Jean-Paul Bogart, un des directeurs associés. Mais le principal client étranger de la galerie, à qui cette pièce était destinée, ne s’est pas déplacé. La belle boiserie tout en déhanchement provençal qu’arborait pour 220 000 euros le Lyonnais Michel Descours n’a pas davantage trouvé preneur. « Cela s’est déroulé gentiment. On a fait deux ou trois ventes, mais sur des sommes raisonnables », confie Olivier Henri, de la galerie Michel Descours. L’antiquaire Jean Gismondi, fondateur du salon, a sorti le grand jeu avec de beaux meubles qu’on retrouvera sans doute en septembre à la Biennale des antiquaires de Paris, notamment une table attribuée à l’ébéniste Gole en travail de marqueterie et d’incrustation. Parmi ses achats récents, on relevait aussi un canapé et six fauteuils garnis d’une très jolie tapisserie au point de Saint-Cyr.
À côté de certains tarifs prohibitifs, on découvrait chez la Cannoise Michelle Champetier des dessins sélectionnés avec un goût rare. Si la moitié droite du stand était « commerciale », avec les traditionnelles estampes de Picasso et de Miró, la partie gauche correspondait plus à l’œil affûté de cette galeriste en chambre.
Pour 3 800 euros, il était possible de s’offrir une maquette de Jean Pougny pour la fresque de la galerie Der Sturm (Berlin), dessin lettriste avant l’heure. Un personnage dada de Francis Picabia était proposé pour 6 800 euros tandis qu’une encre de 1910 de Jacques Villon affichait 2 500 euros. Des prix suffisamment abordables pour séduire les marchands parisiens qui ont longuement arpenté le stand. Mais l’heure est encore à la réflexion.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°192 du 30 avril 2004, avec le titre suivant : Un salon en demi-teinte à Antibes

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