Galerie

Ouverture

Place à la sculpture

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 30 avril 2004 - 550 mots

La Galerie Malaquais se veut le nouvel héraut de la sculpture « indépendante » du XXe siècle.

PARIS - Voici une aventure généreuse, courageuse comme il en fleurit trop peu. Jean-Baptiste Auffret, scénographe et ancien collaborateur de Richard Peduzzi, et Marc Litzler, ex-cadre de la Société générale, ont unis leurs efforts pour ouvrir à Paris la Galerie Malaquais, dédiée à la sculpture « indépendante » du XXe siècle. Installé sur 100 m2, dans l’ancien espace des marchands d’estampes japonaises Jan et Hélène Luhl, ce duo veut réhabiliter les sculpteurs français appréciés avant guerre, mais tombés dans l’oubli dans les années 1950. Les querelles idéologiques entre l’abstrait et le figuratif ont eu raison de toute une cohorte d’artistes, certains formés auprès d’Auguste Rodin ou, plus tard, d’Aristide Maillol. Jean-Baptiste Auffret, dont le père, Charles Auffret, relève de ce courant, aime à parler de malentendu historique : « On les a à tort confondu avec un art officiel, académique, alors qu’ils étaient indépendants. Chez tous ces artistes, il n’y a pas de “ismes”. Il y a un contenu intellectuel fort comme le montrent les dessins. Ils cherchaient tous une certaine vérité. Ils en ont payé le prix puisque beaucoup ont vécu dans des conditions matérielles très difficiles. » L’histoire de ces sculpteurs est celle d’une passation de pouvoirs d’hommes issus du même creuset. L’exposition inaugurale tente de retracer cette filiation à travers quinze artistes, de la Bande à Schnegg où se retrouvent Charles Despiau et Robert Wlérick, à Charles Alexandre Malfray. Le passage du flambeau se poursuit avec Jean Carton autour duquel s’agrège dans les années 1960 le Groupe des Neuf. Le benjamin de la lignée, le jeune Mathieu Gaudric, prend aujourd’hui le relais.
Enthousiastes, les organisateurs ont peut-être péché par excès de zèle en montrant trop d’artistes en une seule salve. D’autant plus que, dans la plupart des cas, il s’agit pour le visiteur plus d’une première rencontre que d’une redécouverte. Dans la quarantaine de sculptures et au moins autant de dessins à l’affiche, on s’attarde sur quelques pièces fortes comme La Vérité de Charles Alexandre Malfray, seule fonte connue de Rudier, les parturientes de Charles Auffret ou encore le Couple de Robert Couturier. Les prix vont de 800 euros pour des dessins à 80 000 euros pour certaines sculptures. Des tarifs parfois coquets, même si certains, comme Despiau, jouissent déjà d’une cote de popularité, notamment auprès des Japonais. « Nous nous sommes basés sur les prix du marché, défend Jean-Baptise Auffret. On pense qu’il faut des prix pour tout le monde, des gravures à 100 euros, des dessins entre 800 et 20 000 euros. Mais je ne vais pas brader les pièces ! »
Le tandem souhaite aussi marquer la différence, ne serait-ce qu’en termes financiers, entre fonte d’époque et fonte posthume, un maquis dans lequel plus d’un collectionneur perd son latin.
L’initiative de ces marchands frais émoulus est à saluer à plus d’un titre, car la sculpture ne compte à Paris qu’une petite poignée de galeries spécialisées. Mais un soutien institutionnel, voire l’appui de galeries étrangères, leur sera nécessaire pour remettre ces artistes au goût du jour.

LES ARCHITECTES DU SENSIBLE, PANORAMA DE LA SCULPTURE INDÉPENDANTE AU XXE SIÈCLE

Du 14 mai au 31 juillet, Galerie Malaquais, 19, quai Malaquais, 75006 Paris, tél. 01 42 86 04 75, www.galerie-malaquais.com

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°192 du 30 avril 2004, avec le titre suivant : Place à la sculpture

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