Chine

Emmanuelle Lesbre, Liu Jianlong, « La Peinture chinoise »

L’art et la matière

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 30 avril 2004 - 502 mots

Un nouvel ouvrage paru aux éditions Hazan
renouvelle notre vision de la peinture chinoise.

Tandis que la France célèbre l’Année de la Chine, les éditions Hazan publient un ouvrage sur la peinture chinoise, une discipline finalement mal connue en Occident. Tous deux diplômés de l’Institut central des beaux-arts de Chine, les deux auteurs, Emmanuelle Lesbre (docteur en études chinoises, chercheuse associée au CNRS) et Liu Jianlong (à la tête de l’équipe de recherche du Musée des beaux-arts de la province du Liaoning) renouvellent notre vision de l’art pictural chinois en s’appuyant sur près de 300 œuvres inédites en Occident. « Ce livre rassemble ce que nous avons jugé être le meilleur de la peinture chinoise conservée en Chine ainsi que des œuvres dispersées dans les collections du reste du monde », mentionne dans l’introduction Emmanuelle Lesbre. Celle-ci a eu accès aux riches collections de la Cité interdite à Pékin, des musées des beaux-arts de Shanghaï, Nankin, Tianjin ou Zhenjiang, des provinces du Liaoning, du Zhejiang et du Xinjiang, des instituts archéologiques du Hebei, de la Mongolie et du Shanxi, de sanctuaires religieux, ainsi qu’à des collections particulières.
Les pièces sélectionnées répondent à deux critères : tenter de représenter toutes les périodes des 2 500 ans que couvre l’histoire du médium, sans privilégier telle ou telle dynastie comme cela est souvent le cas ; donner à voir la grande diversité des styles et techniques (peintures murales, sur soie, sur papier…). Moins rebutant que le traditionnel découpage chronologique, l’ouvrage s’organise de manière thématique. Les chapitres reprennent la classification par genres de l’Académie impériale de peinture établie au début du XIIe siècle par l’empereur Huizong des Song (la peinture religieuse, les portraits de femmes, les paysages, la peinture animalière, de fleurs ou d’oiseaux), à laquelle les auteurs ont ajouté d’autres catégories telles la peinture édifiante, les scènes de mœurs ou la peinture des lettrés. Sans négliger les grands courants de l’art pictural chinois, le livre donne à voir des œuvres généralement occultées en Occident et souligne l’importance de la représentation humaine, des images religieuses ou encore des messages politiques que contiennent certains décors muraux. À la fois savante et accessible, servie par des reproductions de qualité, cette édition permet, « au-delà de la séduction superficielle des yeux », de voir ces peintures chinoises « dans leur entier, c’est-à-dire avec la littérature qui les accompagne, précise Emmanuelle Lesbre. Il faut aussi décoder les valeurs emblématiques des sujets qui en étaient chargés, identifier les attributs et les poses des portraiturés. Il faut apprendre à discerner copies, contrefaçons et originaux. Pour apprécier les qualités techniques de ces œuvres réalisées sur la soie et le papier, il faut enfin apprendre à goûter, dans leurs subtilités indigènes, les jeux d’encre, de couleurs, de traits et de formes propres à l’art pictural chinois. » Un art d’une infinie complexité et d’une grande beauté dont le présent ouvrage donne une vision plus juste.

Emmanuelle Lesbre, Liu Jianlong, La Peinture chinoise, éd. Hazan, Paris, 2004, 480 p, sous coffret, 135 euros. ISBN 2-85025-922-5.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°192 du 30 avril 2004, avec le titre suivant : Emmanuelle Lesbre, Liu Jianlong, « La Peinture chinoise »

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