Paris

Le choix des « off »

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 18 octobre 2007 - 682 mots

La Foire Internationale d’Art Contemporain (FIAC) poursuit le salon les Élysées de l’Art pour parasitisme et concurrence déloyale.

 PARIS - La Foire Internationale d’Art Contemporain (FIAC) semble s’être arrogée rien de moins que le droit de choisir ses offs ! Alors qu’elle a donné son blanc-seing à Show Off et Slick, Reed Expositions France, l’organisateur de la FIAC, a adressé le 18 juillet une assignation à bref délai devant le tribunal de commerce à la société Orexpo, organisatrice du salon Les Élysées de l’art. Le motif ? Parasitisme constitutif de concurrence déloyale. Reed reproche à Orexpo, dont l’un des partenaires, Jean-Marc de Chauvigny, est un ancien de la FIAC, d’avoir à la fois déprécié et abusé de l’image de son salon. Un jugement est attendu pour le 11 octobre. « Nous n’avons pas la prétention de truster le marché, mais je ne peux pas laisser des agissements qui vont à l’encontre des exposants de la FIAC, affirme Jean-Daniel Compain, directeur général du pôle Culture & Loisirs chez Reed Exposition France. Les organisateurs des Élysées de l’art se servent d’un événement et d’une marque qui ne leur appartiennent pas sans même nous en avoir parlé à l’avance. Comme par hasard, ils se sont inscrits dans le dispositif de la FIAC et les visiteurs vont penser que c’est un prolongement de notre salon. » Pour Joël Garcia, d’Orexpo, « le parasitisme, c’est quand on n’apporte pas de savoir-faire et qu’on ne dépense rien. Je suis le plus vieil organisateur de salon depuis 1969 et j’ai engagé plus de 600 000 euros dans le salon. » Cette procédure étonne d’autant plus que la FIAC n’a pas protesté l’an dernier contre l’installation de Show Off à l’Espace Cardin, situé à un jet de pierre du Grand Palais...

Aucun avis négatif
Un courriel émanant de la mairie du 8e arrondissement a rajouté de l’huile sur le feu. « Le projet Orexpo qui vous est actuellement présenté comme devant se tenir sur les Champs-Élysées au mois d’octobre 2007 n’a reçu, à ce jour, aucune autorisation d’implantation de la mairie de Paris, ni a fortiori de la mairie du 8e arrondissement, déclare le maire du 8e, François Lebel. Ce projet de Monsieur Garcia n’a toujours pas été présenté à la commission municipale ad hoc et son promoteur anticipe donc dangereusement sur ses conclusions. En effet, j’y suis personnellement opposé, car en concurrence directe avec la FIAC qui se tient au même moment au Grand Palais tout proche et, sans préjuger de leur avis, il me semble que les autres participants de la commission sont dans le même sentiment. » Joël Garcia affirme avoir suivi la procédure habituelle en déposant son dossier  le 22 mai à la mairie de Paris et à la préfecture de police. « Je ne reçois jamais de courrier de confirmation. La commission de sécurité vient la veille de l’ouverture. On ne m’a refusé d’autorisation que deux fois en quarante ans. Quand ce n’est pas possible, je reçois immédiatement une lettre », explique-t-il. N’ayant reçu aucun avis négatif à ce jour, il compte bien monter ses tentes dès le 10 octobre. La hargne de François Lebel surprend d’autant plus que la foire rallie dix galeries du 8e ! On voit aussi mal comment les Élysées de l’art feraient une quelconque concurrence à la FIAC dans la mesure où le salon se compose pour une bonne part de refusés du Grand Palais, comme Baudoin Lebon (Paris), James Mayor (Londres), Sollertis (Toulouse) ou Thessa Herold (Paris). « Au moment où notre ministre de la Culture souhaite redresser le marché de l’art, de telles frictions de chapelle sont finalement négatives pour tout le monde », regrette Patrick Bongers, président du Comité professionnel des galeries d’art. La FIAC ne serait-elle pas tout simplement vexée de ne pas avoir elle-même posé ses marques sur les Champs-Élysées ? « Pas du tout, je n’ai jamais imaginé installer des tentes », assure Jean-Daniel Compain. Celui-ci montre aussi ses crocs sur une autre foire off, Diva, organisée en novembre en parallèle de Paris-Photo au Louvre des antiquaires. « On a demandé à Diva de cesser d’utiliser notre marque », confirme le directeur général. Jouer les gros bras avec des petites foires n’est-il pas un regrettable aveu d’impuissance ?

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°266 du 5 octobre 2007, avec le titre suivant : Le choix des « off »

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