Art contemporain

A bon port

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 18 octobre 2007 - 484 mots

Jouxtant la Biennale de Lyon, la foire Docks Art Fair a affiché un ton simple et jovial.

 LYON - Quel peut être l’effet d’une Biennale sur une foire parallèle ? Face à une exposition réussie, un salon fait petit bras ou bassement mercantile. Tel n’est pas le cas de Docks Art Fair, lancé pour la première fois du 17 au 23 septembre à Lyon. En vis-à-vis d’une biennale aussi confuse que prétentieuse, la foire a tranché par sa simplicité. Elle a surtout réactivé la notion de responsabilité dans un milieu qui semble fuir devant ses engagements les plus élémentaires. Comme celui de livrer une exposition plutôt qu’un patchwork né d’une délégation en cascade… Malgré une forte hétérogénéité, les marchands se sont montrés plus affirmés que le puzzle de commissaires réunis dans un blind date virant au jeu individuel. Plus courageux aussi, car, dans leurs cas, l’exercice imposé du one-man-show peut finir en bouillon commercial. Toutefois, certains exposants ne se sont pas entièrement pliés à la règle, consacrant plus du tiers de leurs stands à des accrochages de groupe.
Posté à 100 mètres de La Sucrière, Docks Art Fair a indéniablement profité du public de la biennale lors des journées professionnelles. Mais les réseaux combinés des quarante-neuf commissaires invités, pour partie étrangers, n’ont visiblement pas été stimulés. De sorte que la manifestation, et par ricochet, le salon, ont surtout vu défiler les institutionnels français habituels. Dans ce contexte, le slogan municipal annonçant crânement « Lyon, la capitale que le monde entier va nous envier », avait quelque chose de risible ! Plus mous, les jours suivant le vernissage ont vu déferler des visiteurs locaux pas toujours prêts à sauter le pas. « Il y a eu beaucoup de nouveaux contacts, mais il faudrait que les Lyonnais achètent un peu plus », murmure Caryl Ivrisse, directeur de la galerie 5213 (Berlin). Plusieurs exposants, notamment ceux qui jouaient à domicile comme Françoise Besson (Lyon), ont néanmoins fait un carton. De son côté, Odile Ouizeman (Paris) a vendu des toiles de Florence Reymond aux collectionneurs Jean-Marc Salomon et Paul Dini. Plus étrangement, Contempo (Rotterdam) a connu une razzia sur les peintures très photographiques de Jan Ros sous résine Epoxy, avatars grossiers de Gerhard Richter.
Aussi méritoires qu’aient été les efforts de certaines galeries, ils ne se sont pas toujours soldés par des débouchés commerciaux. Et pourtant, il y avait une intrigante densité dans le travail de Marie Hendriks, présenté par Dukan&Hourdequin (Marseille). Son petit monde absurde et en apparence tranquille, tressé d’humour et d’ornement baroque, s’avérait plus inquiétant qu’amusant. La galeriste Isabelle Gounod (Boulogne-Billancourt) n’avait pas non plus cédé à la facilité avec l’installation le Jardin des délices de Slimane Raïs. « Je suis ravie parce qu’il ne faut pas se cacher les choses : déplacer les professionnels à Boulogne-Billancourt n’est pas simple, précise l’intéressée. La foire a donné une visibilité institutionnelle à l’artiste et à la galerie. » Un bon début, en attendant des retombées plus substantielles.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°266 du 5 octobre 2007, avec le titre suivant : A bon port

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