Mécénat

Querelle de voisinage

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 18 octobre 2007 - 650 mots

La Fondation Louis Vuitton à Paris accuse un léger retard dans ses travaux.

 PARIS - Bien que le projet de la Fondation Louis Vuitton pour la création, conçu par l’architecte Frank O. Gehry pour le Bois de Boulogne, jouisse de l’appui de la municipalité parisienne, il vient de subir un contretemps. La future institution doit s’édifier sur une parcelle à l’extrémité de laquelle se trouve actuellement le restaurant La Ferme du Golf. À la suite d’un accord passé entre la Fondation et Harold Sacreste, propriétaire du restaurant, celui-ci doit être déplacé à l’Est du jardin, à proximité du boulevard Maurice-Barrès, à Neuilly. Or, la perspective de l’ouverture d’un établissement pouvant accueillir sept cents couverts a provoqué l’émoi de quatre-vingt-dix riverains et deux syndicats de copropriété du boulevard Maurice-Barrès. Ces derniers ont déposé en juillet une requête en référé exigeant la suspension des effets du permis accordé le 22 mai à la S. A. Jardin d’Acclimatation pour l’installation du restaurant à ce nouvel emplacement. « Mes clients ont l’impression de ne pas avoir été pris en compte, indique Maître Elisabeth Cassin, avocate au cabinet Genesis. Quand on regarde le volet paysager de ce permis, on se rend compte que l’impact sur Neuilly n’a pas été examiné. Aucune aire de stationnement n’était prévue. Le jardin d’acclimatation est une zone classée N, ce qui suppose que les constructions ne doivent pas remettre en cause le caractère naturel de la zone. Or, il y avait des rehaussements illégaux par rapport aux bâtiments existants. » Le cabinet Genesis a provisoirement obtenu gain de cause puisque le juge des référés a décidé le 12 septembre de suspendre les effets du permis. Résultat des courses, les travaux sur la parcelle où se trouve la Ferme du Golf sont en stand-by. « Le groupe LVMH ne peut pas construire tant que je ne suis pas parti, nous a indiqué Harold Sacreste. Mais on a trouvé des solutions pour le bruit, on s’est engagé à faire moins d’événements. Nous allons aussi régler la question de la hauteur. Un permis de construire modificatif va bientôt être déposé et il va satisfaire tout le monde. »
Pour le groupe LVMH, le problème reste mineur. « Cette affaire n’affectera en rien le déroulement des travaux. La localisation du restaurant est marginale. Il ne s’agit pas de l’endroit où le bâtiment sera érigé, mais de l’extrémité de la parcelle de terrain. Dans tout projet, il y a des histoires comme celles-là », nous a déclaré Jean-Paul Claverie, responsable du mécénat du groupe LVMH. Ce dernier estime que la première pierre de la fondation sera néanmoins posée d’ici la fin de l’année, voire après les fêtes, en concordance avec l’agenda très chargé de Frank O. Gehry.

De la boutique au musée

La rétrospective de l’artiste Takashi Murakami, organisée du 29 octobre 2007 au 11 février 2008 au Museum of Contemporary Art (MOCA) de Los Angeles, suscite des polémiques. Le quotidien Los Angeles Times a révélé cet été l’installation dans le parcours de l’exposition d’une boutique Vuitton, commercialisant les accessoires monogrammés conçus par l’artiste. Ce choix porte un coup de canif à la stricte étanchéité entre le monde du commerce et celui des musées. « Je ne connais pas les tenants et les aboutissants de l’exposition Murakami, mais c’est ce que nous n’avons jamais voulu faire, nous a indiqué Hervé Chandès, directeur de la Fondation Cartier pour l’art contemporain. Il n’y a jamais eu de liens entre les artistes qu’on expose et les objets que Cartier commercialise. Je trouve ça curieux, dangereux. » Pour Emmanuel Perrotin, galeriste parisien de Murakami, « si Takashi s’était contenté de monter une vitrine avec des sacs, il n’aurait fait que présenter un produit. En créant une boutique, il fait ce qu’il a toujours assumé, le commerce comme élément de son travail artistique. Il s’agit de son initiative et il va au bout d’une logique. Le jour où les artistes devront accepter une boutique sans le vouloir vraiment, là ce sera scandaleux. »

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°266 du 5 octobre 2007, avec le titre suivant : Querelle de voisinage

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