Etoffes

A la mode de Cluny

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 14 mai 2004 - 479 mots

Le Musée national du Moyen Âge, à Paris, dévoile sa riche collection de soieries et autres textiles récemment restaurés.

 PARIS - Le Musée national du Moyen Âge, à Paris, possède une importante collection de soieries et textiles datant de la fin de l’Antiquité jusqu’au XVIe siècle et provenant des quatre coins de la planète, de la Chine à l’Iran en passant par l’Espagne ou l’Italie. Peu connu du public, cet ensemble de quelque 300 pièces a fait l’objet d’une grande campagne de restauration. Lancée il y a dix ans, l’opération, d’un coût total de 160 000 euros, vient tout juste de s’achever. Pour valoriser ces étoffes d’exception, la salle des textiles a été entièrement réaménagée. Des cimaises bleu vif et un accrochage vivant permettent d’apprécier dans les moindres détails la délicatesse de certains panneaux brodés, la minutie de différentes scènes figurées ou encore la beauté de ce velours polychrome à tiges ondulantes... « Produits de haut luxe au Moyen Âge, les soieries ont été pour les puissants un moyen d’exprimer leur pouvoir et leur magnificence, qu’ils s’en vêtent et ornent leur cadre de vie ou qu’ils les offrent en cadeaux diplomatiques et en récompense à des services rendus, explique la conservatrice et directrice du musée, Viviane Huchard. Ces productions sont souvent dignes d’être rangées parmi les œuvres d’art les plus achevées. »
Au total, 92 pièces ont été sélectionnées pour retracer une histoire du textile et mettre en lumière les particularités des différentes civilisations représentées et leurs similitudes. Le visiteur découvre ainsi des tapisseries et broderies de soie, de fils d’or, de laine entremêlée de lin et de coton produites en Iran, Irak, Égypte ou Espagne, les premiers taquetés (type de tissu façonné comportant deux chaînes et moins de deux trames) tissés en Perse ou en Méditerranée orientale au début du Moyen Âge puis repris à Byzance et en terre d’Islam. Figurent aussi des lampas, tissus mêlant soie et fils d’or – orientaux au XIe siècle, on les trouve ensuite en Occident, notamment en Italie, et jusqu’en Asie –, ainsi que les velours et damas qui firent la fortune de Venise et de Florence au XVe siècle. Installées au centre du nouvel espace, trois vitrines mettent l’accent sur des créations particulières, comme ces vêtements liturgiques et textiles à décor religieux ou encore des fabrications réalisées par les Coptes d’Égypte. 
Pour des raisons de conservation, la présentation sera renouvelée tous les deux ans. Ce système permettra de faire peu à peu connaître l’ensemble de la collection, dont l’intégralité est par ailleurs reproduite et analysée dans le catalogue raisonné paru à cette occasion.

Musée national du Moyen Âge – Thermes de Cluny

6 place Paul-Painlevé, 75005 Paris, tél. 01 53 7378 16, www.musee-moyenage.fr, tlj sauf mardi, 9h15-17h45. À lire : Sophie Desrosiers, Soieries et autres textiles, de l’Antiquité au XVIe siècle, éditions RMN, 2004, Paris, 508 p., 408 ill., 100 euros, ISBN 2-7118-4570-2.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°193 du 14 mai 2004, avec le titre suivant : A la mode de Cluny

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