Art moderne

Lorsque Braque prit son envol...

Par Maureen Marozeau · Le Journal des Arts

Le 28 mai 2004 - 500 mots

La Galerie Art Cadre à Paris présente le dernier œuvre de l’artiste habité par le thème de l’oiseau et la mythologie.

 PARIS - « L’objet est à l’espace ce que la musique est au silence », aimait à répéter Georges Braque (1882-1963). De ses explorations cubistes, il a gardé le goût de la recherche spatiale, son « désir […] de toucher la chose et non de la voir », qu’il concrétisait à travers de nombreux collages et sculptures en bronze, en plâtre, en métal et même en terre cuite dans les années 1930 et 1940.
Ressentant de son propre aveu jusqu’à l’obsession certains thèmes ou motifs, dont il ne réussissait à se libérer qu’en les traduisant en trois dimensions, Braque s’est attaché la collaboration de Heger de Loewenfeld, maître lapidaire. Ainsi débute, en octobre 1961, une nouvelle période créative pour l’artiste âgé de 79 ans, trop faible pour mener seul à bien cette « libération métaphysique ». Habité par le thème de l’oiseau mais aussi par la mythologie, il exécute des gouaches-maquettes dont s’inspire le virtuose de la pierre. Les Métamorphoses, 110 sculptures précieuses – comme Loewenfeld aimait à les désigner – voient le jour quelques mois après, non sans provoquer l’enthousiasme d’André Malraux, alors ministre des Affaires culturelles, qui insistera pour les exposer au Musée du Louvre en mars 1963.
Quarante et un ans plus tard, lithographies, gouaches préparatoires et sculptures précieuses sont réunies à la galerie parisienne Art Cadre sous la supervision d’Armand Israël, expert, ayant droit et éditeur de Georges Braque, lequel, depuis 1973 s’occupe de la promotion internationale de ces productions si particulières. Placée sous le thème des divinités hellènes – le jeune Braque affectionnait les galeries grecques et romaines du Louvre –, cette collection brille par la simplicité du motif alliée à la finesse de l’exécution. L’abstraite silhouette du guerrier Hermès fermement campé sur son socle de pierre fait écho au profil fier de la chasseresse Atalante. Le malheureux pêcheur Glaucus apparaît sous les traits d’un poisson orné de pierres semi-précieuses, gainé de vermeil, tandis que le profil d’Hécate, en émaillé bleu entouré de brillants, orne une broche en or jaune… Motif de prédilection de l’artiste, l’oiseau, « symbole de l’espace et du temps », se retrouve sur une série de céramiques et sur plusieurs broches ou pendentifs. Ainsi Alcyone, veuve éplorée transformée en oiseau de mer, complète un collier en or jaune et en diamants, l’allégorie des frères ailés Zétès et Calais figure sur une broche en or jaune ornée de deux rubis, le pendentif Procris en or et émail bleu se rattache au collier en or Mérope… Pour sa part, l’artiste ne s’est jamais défait de sa bague camée Eos, la déesse Aurore qui apporte la lumière aux dieux et aux hommes.

GEORGES BRAQUE. MÉTAMORPHOSES

Jusqu’au 26 juin, Galerie Art Cadre, 24, rue Dauphine, 75006 Paris, tél. 01 43 26 56 21, du mardi au samedi 10h-13h, 14h-19h. Cet ensemble à caractère exceptionnel sera ensuite présenté aux États-Unis, au Mexique, au Brésil et au Japon.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°194 du 28 mai 2004, avec le titre suivant : Lorsque Braque prit son envol...

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