Carré Rive Gauche

Carte blanche pour la croisière

Par Maureen Marozeau · Le Journal des Arts

Le 28 mai 2004 - 661 mots

Reprenant le thème de l’an passé, les galeries dévoilent leurs objets extraordinaires pour ce rendez-vous annuel très attendu des collectionneurs.

 PARIS - Pour la seconde année consécutive, le Carré Rive Gauche nous invite à partir en croisière sur les rives de la Seine. « Le thème de la croisière avait plu. Nous avons réitéré l’expérience en y ajoutant le blanc », explique Alain Demachy, président de l’Association du Carré Rive Gauche. Le blanc, que ce soit celui des matières, des lieux, des éléments naturels ou des références culturelles, se pose en thème – plus ou moins respecté par les uns et les autres –, mais il est surtout l’occasion de présenter des raretés et d’avoir «  une unité dans les vitrines, un sens de la célébration ». Pour Alain Demachy, l’essentiel de cette manifestation, qui a gagné la réputation de « musée à ciel ouvert », est de cultiver la particularité du Carré, c’est-à-dire l’éclectisme : « Notre quartier est particulièrement riche dans sa diversité, le contemporain côtoie le XIXe et l’art antique. »
Au nombre de neuf, les nouveaux participants reflètent cet état d’esprit, mais envisagent le Carré de manière assez différente. Pour Antoine Laurentin, qui présente des œuvres sur papier de Marie Laurencin, « le Carré reste une manifestation très prisée qui draine beaucoup de monde », mais le marchand « mise beaucoup plus sur la Biennale qui se tiendra en septembre ». Jean-Charles Girard, qui n’attend pas de retombées financières particulières, espère surtout « côtoyer les clients dans un cadre festif » et envisage le Carré comme « une courtoisie due aux clients et une occasion d’exprimer [des] différences ». Amateur d’objets insolites, il propose deux obélisques recouverts de coquilles d’œufs datant des années 1950, une délicate technique d’origine chinoise et au design d’esprit néoclassique que n’aurait pas renié Emilio Terry. Habitué des salons, Philippe Sinceux souhaite profiter de « l’aspect vitrine de l’événement » pour faire connaître son espace et attirer une nouvelle clientèle. De tailles impressionnantes, les deux énormes faucons en plâtre qu’il a ressortis pour l’occasion faisaient originellement partie de la décoration d’une boutique Christian Dior, avenue Montaigne. Même volonté pour Georges Franck de la Galerie Artesepia, qui déplore par ailleurs la défection de certains participants. Avouant avoir des difficultés à s’adapter à la thématique de la croisière, il présentera toutefois des dessins du XVIIIe siècle inédits, dont un Intérieur d’atelier de Charles Nicolas Cochin et un Jacob et l’Ange de Carle van Loo.

Mobilier d’ermite
Participer au Carré relève de la consécration pour Edgar le marchand d’art. Sa cofondatrice, Liliane Richard, a souhaité jouer le jeu à travers une exposition collective. Quinze artistes ont répondu à l’appel du blanc, notamment François Cadière qui utilise des cristaux Swarovski pour étoffer ses dessins à l’encre sur vélin. Dans un autre genre, Xavier Delesalle souhaite concrétiser la vocation scénographique de son espace avec la présentation d’une folie gothique de 1830, reconstituée dans la cour intérieure de sa galerie. Ce mobilier d’ermite (table, buffet, bibliothèque, lit…), déniché à l’orée d’une forêt normande et dont la provenance est tenue secrète, est entièrement réalisé en bois recouvert d’écorce naturelle et sera mis en scène à grand renfort de tentures blanches.
La morosité actuelle du marché de l’art et la défection des Américains n’effraient pas Alain Demachy : « Si les grands clients ne prennent pas l’avion, les décorateurs au service de clients américains passent très régulièrement. La clientèle française est plus timorée et il est vrai que nous traversons une période morose. Mais, l’an dernier, nous nous sommes aperçus que notre chiffre d’affaires était aussi bon si ce n’est meilleur que d’habitude. »

LA CROISIÈRE BLANCHE, 27e EDITION DU CARRÉ RIVE GAUCHE

Rue Allent, rue du Bac, rue de Beaune, rue de Lille, rue des Saints-Pères, rue de l’Université, rue de Verneuil, quai Voltaire, Paris, du 9 au 13 juin, le mercredi de 18 à 23 heures, du jeudi au samedi de 11 à 20 heures, dimanche de 14 à 19 heures, www.carrerivegauche.com

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°194 du 28 mai 2004, avec le titre suivant : Carte blanche pour la croisière

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque