Nouveauté

Christie’s France vit au rythme latino

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 28 mai 2004 - 568 mots

La maison de ventes déplace de New York à Paris ses ventes spécialisées dans l’art d’Amérique latine.

 PARIS - Christie’s inaugure le 10 juin sa première vente d’art latino-américain à Paris. Jusqu’à présent, cette spécialité faisait l’objet de deux ventes annuelles à New York. Pour justifier de cet essai, l’auctioneer avance les relations privilégiées entre un grand nombre d’artistes et le creuset parisien. Une explication peu convaincante. Les ventes d’art latino-américain avaient ces derniers temps moins de piquant que par le passé. Les résultats étaient d’autant moins relevés que l’Amérique latine, principal continent vendeur et acheteur, accusait le coup d’une grave crise économique. L’organisation d’un événement à Paris, applaudi par les collectionneurs latinos, permettra peut-être de donner un nouveau souffle à ce secteur habituellement lucratif. « C’est parce qu’on organise cette vente à Paris qu’on a réussi à sortir quelques œuvres importantes », conforte Ana Sokoloff, responsable du département d’art latino-américain de Christie’s. « Les clients avaient envie de vendre en France. La seule vraie réticence qu’il nous a fallu surmonter concernait leur peur des complexités administratives, mais nous les avons vite rassurés sur ce point. Le coût du transfert des œuvres d’Amérique latine vers Paris varie de manière minime en comparaison d’un transport direct vers New York. Les pièces rentrent en France en importation temporaire, sans taxe », précise Emmanuelle Vidal, directrice du développement de Christie’s France. Les prix sont d’ailleurs établis sur la base du dollar et non de l’euro.
Sur les 100 lots recensés, 70 % viennent d’Amérique latine, 20 % des États-Unis et le reste de l’Europe. « On a une grande vente alors qu’on s’attendait à 70 lots. La réponse des Européens nous a beaucoup surpris », souligne Ana Sokoloff. L’événement sera l’occasion de se familiariser avec une inspiration flamboyante qui ne se résume pas à Fernando Botero. Le catalogue suit un tracé chronologique avec les précurseurs de la modernité, influencés qui par le cubisme comme le Mexicain Ángel Zárraga, qui par le futurisme comme l’Argentin Emilio Pettoruti. Les estimations varient de 4 000 à 800 000 euros. C’est à ce prix qu’est affichée une belle œuvre cramoisie de Rufino Tamayo issue d’une collection privée mexicaine. L’autre figure de proue de la vente est une Cantina du muraliste José Clemente Orozco (1941), sortie d’une collection américaine pour 570 000-730 000 euros. De Joaquin Torrès-Garcia, parrain de l’école constructiviste sud-américaine, on note deux compositions pour 140 000-160 000 euros et 100 000-150 000 euros. Du Cubain Wifredo Lam, le catalogue propose une Ventana (1935) de sa période espagnole pour 160 000-240 000 euros. Une vente latino ne saurait se passer du très convoité Chilien Matta. Il faut compter entre 80 000 et 100 000 euros pour un dessin de sa période new-yorkaise réalisé avec une peinture argentée. Une vingtaine de lots d’art contemporain clôturent la vente, dont un Puff, bas rempli de safran d’Ernesto Neto (6 500-9 500 euros) et une série de 20 photos de Miguel Rio Branco baptisée « Blue Tango » (8 000-12 000 euros).
Les acheteurs sont habituellement à 70 % sud-américains. Mais Christie’s compte sur les Européens qui, grande nouveauté, n’hésitent plus à débourser entre 200 000 et 600 000 dollars pour les maîtres latinos.

VENTE D’ART LATINO-AMERICAIN

Le 10 juin à 18 heures, expositions publiques les 5, 7, 8 et 9 juin 10h-18h, le 6 juin 14h-18h, Christie’s, 9, avenue Matignon, 75008 Paris, tél. 01 40 76 85 85, www.christies.com

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°194 du 28 mai 2004, avec le titre suivant : Christie’s France vit au rythme latino

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