Art moderne

Documentaire

L’épopée d’Alphonse Mucha

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 11 juin 2004 - 368 mots

Peintre, lithographe, dessinateur, graphiste, affichiste et styliste Art nouveau, le Tchèque Alphonse Mucha (1860-1939) commence en 1910 la réalisation de vingt tableaux retraçant l’histoire des peuples slaves. Arte analyse aujourd’hui cette œuvre colossale qui valut à Mucha d’être qualifié de nationaliste et de peintre vieillot. Pour le film, la petite fille de l’artiste, Géraldine Mucha, compositeure – elle signe d’ailleurs la musique accompagnant ce portrait –, a sorti de ses placards une multitude de dessins originaux, croquis ou photographies personnelles, qui permettent de cerner la personnalité du créateur. L’Épopée slave est née de la volonté de ce dernier d’aider les peuples opprimés « dans leur quête d’indépendance ». Mucha renonce au début du XXe siècle à sa prometteuse carrière d’illustrateur afin de se consacrer exclusivement à sa « mission ». Il bénéficie alors de l’aide du milliardaire américain Charles R. Crane, qu’il a rencontré lors de son séjour aux États-Unis – où il connaît par ailleurs un réel succès avec ses travaux Art nouveau. De retour dans sa Bohême natale, l’artiste s’attelle à la tâche. Pour élaborer ses compositions fourmillant de personnages, il prend d’abord des photographies de figurants parés et costumés. À partir de ces clichés, il exécute des esquisses très précises qu’il reporte sur la toile à l’aide de calques. Puis il commence à peindre suivant la technique de la tempera avant de réaliser les détails à l’huile. En 1928, il offre (comme cela était prévu en 1910) son Épopée à la ville de Prague, qui envisage de créer un édifice à cet effet. Mais le bâtiment ne verra jamais le jour. Les toiles sont aujourd’hui exposées dans une petite bourgade à plus de trois heures de route de Prague et attendent toujours leur déménagement dans la capitale tchèque. Qui plus est, plus de soixante ans après sa mort, Mucha a du mal à se défaire de son image de vieux réactionnaire… « Il est temps de redécouvrir cet artiste, conclut le documentaire. Excentrique, il était avant tout un peintre spirituel considérant que, pour grandir, les individus comme les nations doivent rester proches de leurs racines. »

Alphonse Mucha, documentaire de Susanna Boehm (26 min, 2004) diffusé samedi 12 juin à 20 h 15, sur Arte.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°195 du 11 juin 2004, avec le titre suivant : L’épopée d’Alphonse Mucha

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