Art ancien

Anniversaire

L’héritage gracieux de Filippino Lippi

Par Laure Lombardi · Le Journal des Arts

Le 11 juin 2004 - 691 mots

La ville de Prato célèbre le cinq centième anniversaire de sa mort par une importante exposition accueillie sur plusieurs sites.

PRATO -  À l’occasion du cinq centième anniversaire de la mort de Filippino Lippi (1457-1504), Prato, la ville natale de l’artiste, lui consacre une importante exposition. La manifestation, qui se tient jusqu’au 25 juillet, est répartie sur deux sites, le Antiche Stanze di Santa Caterina et le Museo di Pittura Murale. « L’idée d’une exposition sur Filippino a germé entre Antonio Paolucci et Jonathan Nelson, co-commissaire de la section “Filippino” de l’exposition florentine “Botticelli et Filippino” [présentée jusqu’au 11 juillet au Palazzo Strozzi] », souligne Maria Pia Mannini, directrice du Museo civico de Prato et commissaire de l’exposition à Prato. « Il manquait à Prato un tel événement, particulièrement si l’on pense qu’en 1957, pour le cinq centième anniversaire de sa naissance, l’artiste fut seulement célébré par le biais de publications. Si l’exposition florentine a été conçue suivant une structure thématique et confronte les œuvres de Botticelli à celles de Filippino, celle de Prato présente un contexte plus traditionnel, chronologique : de ses débuts avec son père Fra Filippo, puis sa collaboration avec Fra Diamante – l’héritier de Fra Filippo devenu tuteur de Filippino –, à l’atelier de Botticelli, l’évolution de Filippino en tant que maître indépendant jusqu’à la maturité et le succès qu’il a obtenu dans la région de Prato. » L’exposition met spécifiquement en valeur les liens de l’artiste avec la culture locale et se concentre sur les années précédant le tournant classique entrepris par Fra Bartolomeo et Andrea Del Sarto.

Itinéraire de visites
Le parcours du volet présenté à Santa Caterina débute avec les œuvres qui ont précédé la contribution de Filippino à l’atelier de son père. Se succèdent ensuite les peintures exécutées avec Filippo et celles réalisées dans l’atelier de ce dernier en collaboration avec le Maître de la Nativité Johnson, mais aussi avec Fra Diamante, comme la Prédelle avec l’histoire de l’enfance du Christ. Dans cette salle réservée à l’atelier de Filippo, se retrouvent notamment le Maître de Memphis et Raffaellino Del Garbo. La fresque récemment découverte dans le Palazzo Pretorio est d’ailleurs attribuée à l’atelier de Filippo Lippi. L’itinéraire se poursuit par la collaboration avec Sandro Boticelli, avant les œuvres de maturité de Filippino, comme Le Retable de l’audience, Vierge à l’Enfant avec saint Stéphane et saint Jean-Baptiste (1502-1503) et le Tabernacle de sainte Marguerite sur le chant de Mercatale (1498) – fresque contrecollée sur panneau en fibre de bois par Leonetto Tintori, l’un des grands noms de la restauration italienne. Une salle est consacrée à l’un des principaux protagonistes de l’atelier de Prato, Tommaso Di Pietro Trombetto, suivie d’une autre réservée aux artistes locaux parmi lesquels se distinguent Girolamo Ristori, le Maestro di Santa Lucia sul Prato et le Maestro di Canneto. L’exposition s’achève sur des exemples de la sculpture à Prato aux XVe et XVIe siècles, comme le Buste du Christ d’Agnolo Di Polo. La popularité de Filippino est illustrée à travers des gravures et pièces d’orfèvrerie datant du XVIe au XIXe siècle.
Comme quantité d’œuvres de Filippino n’ont pu être déplacées, ainsi La Mort du Laocoon à la Villa Medicea Ambra di Poggio a Caiano (Prato), un itinéraire de visites a  été prévu dans la région. Mais pourquoi la promotion de l’exposition de Prato n’a-t-elle pas été coordonnée avec celle de Florence ? « À vrai dire, c’était notre intention depuis le début, affirme Maria Pia Mannini. Malgré nos appels répétés, Firenze Mostre [l’agence de communication] ne nous a pas répondu. Et au fond, les choses sont aussi bien ainsi : l’exposition de Prato a son identité propre, sans être un appendice de celle de Florence. Elle est une des étapes de la reconnaissance de la culture de la Renaissance toscane, tout comme l’exposition sur la sculpture à Lucques. Nous prévoyons d’ailleurs une navette entre les deux manifestations. »

FILIPPINO LIPPI. UN BELLISSIMO INGEGNO

Jusqu’au 25 juillet, Antiche Stanze di Santa Caterina, 1, Via dei Mazzamuti, et Museo di Pittura Murale, 8, Piazza San Domenico, Prato, Italie, tél. 39 057 461 6403, tlj sauf mardi, 10h–18h, www.filippinolippi.comune.prato.it. Catalogue édité par Giunti editore.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°195 du 11 juin 2004, avec le titre suivant : L’héritage gracieux de Filippino Lippi

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