Glace et Talosel

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 10 septembre 2004 - 462 mots

La galerie Chastel Maréchal poursuit son exploration des miroirs créés par Line Vautrin dans les années 1950.

PARIS - Au début des années 1950, Line Vautrin (1913-1997) donne aux miroirs un grain de folie. Le support l’enthousiasme à un point tel qu’elle y consacre tous ses efforts. Au n° 3 de la rue de l’Université, où elle ouvre son magasin en 1954, la créatrice habille et décore ses glaces de cadres flamboyants en Talosel, une nouvelle technique à base de résine incrustée de miroirs multicolores dont elle dépose le brevet. « Je voudrais grâce à ce procédé nouveau donner ses lettres de noblesse à la matière plastique. Elle sertit le miroir, s’anoblit à son voisinage », déclare-t-elle en 1958.

D’innombrables modèles, plus de 150 différents, seront ainsi créés dans une déclinaison de parures lumineuses. La galerie Chastel Maréchal, à Paris, s’en était déjà fait l’écho en 1998, bien après que le marchand londonien David Gill eut porté l’éclatant travail de l’inventrice sur le devant de la scène dans les années 1980. Six ans après sa première exposition d’objets (boîtes, bijoux et miroirs), Aline Chastel revient sur le thème du miroir. Elle présente une quarantaine de pièces rares et originales signées Line Vautrin, proposées entre 5 000 et 60 000 euros. « Les miroirs de notre exposition de 1998 nous semblent aujourd’hui un peu classiques tant nous avons à présent approfondi nos connaissances sur l’aspect des créations de Line Vautrin. La découverte de modèles inédits, l’intérêt des collectionneurs et les expositions vouées à l’œuvre de la créatrice, notamment au Musée des arts décoratifs à Paris en 1999, nous ont amenés à revenir sur le sujet. » Visez les Soleils à pointe (le plus gros succès de l’époque), les Romain, les Gerbera et autres miroirs « sorcières » les plus exquis, triés sur le volet pour leur qualité d’exécution. Ils sont étonnants pour leurs couleurs, comme ce Gerbera écaille et bleu turquoise qui reste plus connu dans d’autres tonalités, rares comme l’exemplaire d’Ombelles ou du Petit Roi-Soleil quand ils ne sont pas des pièces uniques, tel un très poétique Petit Prince de glace jaune et Talosel noir. « On ne peut pas vraiment se regarder dedans et, en même temps, on reste fasciné par la présence magique de ces miroirs de sorcières accrochés au mur », souligne la galeriste. Un catalogue, conçu par Patrick Mauriès et publié aux éditions du Promeneur, revient pour l’occasion sur la carrière de l’artiste et la diversité des modèles sortis de l’imaginaire fertile de Line Vautrin.

LINE VAUTRIN : MIROIRS

Du 10 septembre au 10 octobre, Galerie Chastel Maréchal, 5, rue Bonaparte, 75006 Paris, tél. 01 40 46 82 61, du mardi au samedi 11h-19h et le lundi 14h-19h. Catalogue, coéd. Le Promeneur/Galerie Chastel Maréchal, 120 p ., 45 euros.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°198 du 10 septembre 2004, avec le titre suivant : Glace et Talosel

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