Venise

Binôme pour la Biennale

Le Journal des Arts

Le 10 septembre 2004 - 635 mots

MarÁ­a de Corral et Rosa MartÁ­nez ont neuf mois pour préparer l’édition 2005.

 VENISE - La Fondation de la Biennale de Venise a annoncé le 12 août que l’édition 2005 de l’exposition internationale d’art se ferait sous la direction conjointe des Espagnoles María de Corral, ancienne directrice du Musée Reina Sofía, à Madrid, et Rosa Martínez, commissaire indépendante (1). La Biennale de 2007 sera quant à elle dirigée par Robert Storr, ancien conservateur au MoMA (Museum of Modern Art), à New York. C’est la première fois que cette responsabilité revient respectivement à des femmes et à un Américain.
Davide Croff, le président de la Fondation, a précisé que ces nominations entraient dans son programme triennal de renouvellement de la Biennale dans le domaine des arts visuels. La prochaine Biennale sera la première placée sous la direction assouplie d’une équipe ne dépendant plus directement de l’État italien mais d’une fondation à financement mixte, combinant les capitaux publics et privés. Ce nouveau statut a non seulement permis la nomination de deux commissaires pour 2005, mais aussi celle de Robert Storr, et ce avec près de trois ans d’avance.
Cette double nomination pourrait s’expliquer par le délai très court – neuf mois – alloué à la préparation de l’exposition. María de Corral et Rosa Martínez travailleront avec dix à douze collaborateurs et différentes sociétés spécialisées. Le budget n’est pas encore fixé (la Fondation espère encore trouver des mécènes), mais il ne saurait être inférieur à celui de 2003 – 6 millions d’euros, dont la moitié est réservée aux commandes d’œuvres d’art. La Fondation sera remboursée de la production dans le cas où les pièces trouveraient acquéreurs. Davide Croff a aussi assuré que la Fondation allait à nouveau acheter des œuvres présentées dans l’exposition, pratique abandonnée depuis 1935.
Parallèlement aux pavillons nationaux, les deux expositions majeures de la Biennale de Venise ont lieu au pavillon italien, pour lequel María de Corral prépare une rétrospective, et à l’Arsenal, où Rosa Martínez présentera des œuvres nouvelles. María de Corral indique que seront montrés des artistes des années 1960 et 1970, dans une exposition « absolument contemporaine », incluant tous les supports. Elle favorisera une confrontation collective plutôt qu’une juxtaposition d’installations individuelles. De son côté, Rosa Martínez a annoncé que son exposition serait « supra internationale » et comprendrait « des voix extérieures à la tradition logocentrique occidentale. La gageure est de montrer des artistes allant au-delà des langages établis, sur le plan non seulement formel mais aussi idéologique ». Selon elle, « les responsables de la Biennale semblent conscients que la manifestation s’était éparpillée et que, de ce fait, elle devenait informe », si bien que « la mission est d’apporter de la clarté et de la rigueur. Davide Croff attend un propos plus ferme. »
Pour l’automne 2005, Robert Storr prépare un symposium international sur l’art contemporain où artistes en vue, théoriciens, critiques et autres experts discuteront « codes, langages anciens et nouveaux paradigmes » des arts actuels. Ce symposium préparera le terrain pour l’exposition de 2007, annonçant un « mélange de personnalités connues et émergeantes » venant du monde entier.
Le recentrage de la Biennale vise aussi à mieux tirer parti de sa notoriété. Davide Croff estime que, pour reconstruire son identité, la Biennale a besoin d’un lieu pour organiser des expositions régulièrement et échanger avec le public tout au long de l’année. Ses yeux sont déjà fixés sur le célèbre Fondaco dei Tedeschi, où séjourna Dürer et dont les fresques sont en partie dues à Giorgione. Comme le note Rosa Martínez, « comparée aux autres biennales, la Biennale de Venise a une dimension différente par la vertu même de cette ville. C’est toujours un miracle. »

(1) à son actif : Manifesta I en 1996, la Biennale d’Istanbul 1997, le pavillon espagnol de la Biennale de Venise 2003.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°198 du 10 septembre 2004, avec le titre suivant : Binôme pour la Biennale

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