Peinture

Lurçat en son époque

Le Journal des Arts

Le 24 septembre 2004 - 495 mots

Les galeries Michel Zlotowski et Jacques De Vos s’associent pour présenter l’œuvre de jeunesse de Jean Lurçat.

 PARIS - L’œuvre de Jean Lurçat (1892-1966) tapissier, commencé en 1937, a aujourd’hui occulté son travail pictural. C’est fort de ce constat que Michel Zlotowski et Jacques De Vos ont décidé d’accueillir pour un mois et demi les créations de l’artiste entre 1913 et 1935. Cette période qu’ils appellent « les années lumière » commence lors de la Grande Guerre. Souvent monochromes, les dessins évoquent alors des paysages oniriques au sein desquels évoluent des figures mélancoliques.
L’expérience de Braque et de Picasso ainsi que les recherches expressionnistes sont, à partir de 1920, au cœur de la réflexion du peintre. L’Aurore et Femme endormie en 1921 témoignent de cette tentation cubiste, tandis que le dessin Ève !! Ève !! Ève !! montre une étroite parenté avec les écoles allemandes.
Les portraits que Lurçat réalise après 1926 comptent parmi les plus belles œuvres de l’exposition. Le superbe Étienne Bignou notamment, mais aussi les grandes figures de femmes et d’hommes orientaux.
La volonté du peintre de s’inscrire au carrefour des créations de son temps est au centre de la présentation de Jacques De Vos. « Jean Lurçat faisait partie de l’Union des artistes modernes (UAM) depuis sa fondation en 1929. Son frère, André Lurçat, était, lui, architecte et il a également participé à l’UAM, explique le marchand. J’ai donc voulu présenter des toiles de Jean Lurçat entourées du mobilier moderniste de l’époque auprès duquel elles étaient alors exposées. »
L’occasion est offerte de découvrir une paire de chenets et six petits sièges d’André Lurçat, ainsi que des pièces des plus grands noms de l’UAM. Robert Mallet-Stevens est représenté par des fauteuils destinés au jardin et à la piscine de la villa Noailles. Un majestueux bureau en acajou blond souligné de bandes de métal nickelé, accompagné de son fauteuil, se charge d’évoquer Louis Sognot. Une grande table d’apparat en noyer d’Amérique, pièce unique conçue par René Herbst pour la maison Puiforcat, occupe le centre de l’espace. Non loin de là est présenté, de Jean Puiforcat, un service à thé et à café en argent massif, doté de poignées en palissandre.
D’autres trésors de Francis Jourdain, Eileen Gray, Pierre Legrain ou Le Corbusier accompagnent les tableaux de Lurçat et offrent une remise en contexte qui valorise l’œuvre du peintre. Les prix des dessins et gouaches de Jean Lurçat varient de 8 000 à 20 000 euros, ceux des tableaux s’échelonnent de 20 000 à 70 000 euros tandis que les meubles de la galerie De Vos sont disponibles entre 10 000 à 100 000 euros.

- JEAN LURÇAT ET L’UAM, jusqu’au 30 octobre, Galerie Jacques De Vos, 7, rue Bonaparte, 75006 Paris, tél. 01 43 29 88 94, www.galeriedevos.com., du lundi au samedi 10h30-19h ; JEAN LURÇAT, PEINTURES ET DESSINS, jusqu’au 30 octobre, Galerie Zlotowski, 20, rue de Seine, 75006 Paris, tél. 01 43 26 93 94, www.galeriezlotowski.fr, du mardi au samedi 10h30-13h, 14h-19h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°199 du 24 septembre 2004, avec le titre suivant : Lurçat en son époque

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