Sotheby’s

Le charme Castaing

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 24 septembre 2004 - 597 mots

Dispersion à Paris du contenu de la demeure de la diva parisienne de la décoration 1940-1950.

 PARIS - Plus de 750 lots, aucun chef-d’œuvre mais un nom qui a fait le tour de la planète et qui fait encore rêver : Madeleine Castaing. Cette décoratrice parisienne de l’après-guerre, ami du peintre Chaïm Soutine (1), connut un succès fulgurant en imposant son style propre, à contre-courant du modernisme grandissant dans les années 1940-1950. « Ce n’est pas une collection, c’est une vente de charme qui mélange les siècles et les genres selon le goût profond, personnel et inimitable de Madeleine Castaing », évoque Jean-René Delaye, qui a été chargé chez Sotheby’s de l’inventaire de la vente. Depuis son décès en 1994 à l’âge de 98 ans, sa descendance a pieusement conservé les trouvailles que la décoratrice avait choisies pour sa propriété de Lèves, près de Chartres. Aujourd’hui, son petit-fils Frédéric Castaing, chasseur réputé d’autographes et de manuscrits et président du Syndicat de la librairie ancienne et moderne, porte aux enchères le contenu de la demeure ainsi que celui de la galerie de la rue Jacob.
Qui était « Madeleine Castaing » ? La décoratrice a su réinventer un style XIXe. Pour planter le décor : sur fond de moquette en faux léopard, chintz fleuri et rideaux de mousseline blanche, ont été disposés des meubles en bois noirci ou en bois sculpté et tourné laqué noir et or, des fauteuils capitonnés d’époque Napoléon III, des lampes en opaline. Le tout est agrémenté d’objets de charme ou de curiosités avec des touches de couleur bleue dans le tissu d’un siège ou l’abat-jour d’une lampe, en rappel des volets  turquoise illuminant la façade de la maison. Le style Castaing, c’est par exemple une paire de chaises en bois sculpté et doré, imitant des cordages, d’époque Napoléon III, estimée 1 000-1 500 euros ; une paire de chaises longues du XIXe siècle en bois sculpté doré et argenté aux montants figurant des dragons au corps couvert d’écailles, estimée 15 000-20 000 euros ; un portemanteau en bois sculpté et laiton du XIXe siècle en forme de tête de chien tenant une barre à six crochets, estimé 1 000-1 500 euros, ou encore une série d’aquarelles françaises du XIXe siècle montrant des vues d’intérieur, autour de 1 000 euros l’unité. La collection dans son ensemble est estimée 500 000 euros, mais des surprises sont possibles. En effet, tous les lots sont vendus sans prix de réserve. Le catalogue est déjà un best-seller et les appels téléphoniques fusent du monde entier pour passer des ordres d’achat. Au premiers rangs des intéressés, les décorateurs américains friands de la diva parisienne de la décoration des années 1940-1950, dont la renommée était, à l’époque déjà, étendue outre-Atlantique. Cette vente aura sans doute davantage de succès hors de l’Hexagone car le goût pour le XIXe siècle Napoléon III jouit en France d’une image encore vieillotte, passée de mode comme un parfum de naphtaline, un goût de madeleine de Proust un peu rance.

(1) Les sept tableaux de Soutine provenant de la maison de Lèves ont été cédés à Londres chez Sotheby’s les 21 et 22 juin 2004 dans une fourchette d’enchères de 42 000 à 1 349 600 livres sterling (61 470 à 1 975 500 euros).

L’UNIVERS DE MADELEINE CASTAING

Mobilier et objets d’art de sa demeure de Lèves et de sa galerie rue Jacob, les 30 septembre et 1er octobre, Sotheby’s, 76, rue Saint-Honoré, 75008 Paris, expositions publiques : les 25, 26 septembre 14h-18h et les 27, 28 septembre 10h-18h, tél. 01 53 05 53 05. www.sothebys.com

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°199 du 24 septembre 2004, avec le titre suivant : Le charme Castaing

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