Trois questions à

Marcel Fleiss, fondateur de la Galerie 1900-2000, à Paris, et expert en art moderne

« Je profite de la redécouverte d’artistes oubliés »

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 24 septembre 2004 - 510 mots

Selon vous, comment se porte le marché de l’art moderne ?
Le marché de l’art se porte très bien, particulièrement pour ce qui est rare, de bonne qualité ou innovant. Depuis quelque temps, on redécouvre des mouvements internationaux oubliés ou négligés, comme le surréalisme (remis au goût du jour avec la vente Breton), Fluxus, le Lettrisme ou même le courant franco-européen de la Nouvelle Figuration. Fromanger, par exemple, atteint des prix incroyables depuis deux ans. Du jamais-vu. Les expositions institutionnelles accompagnent cette tendance. Je pense à la collection Gilbert et Lila Silverman, la plus importante au monde sur Fluxus, qui a tourné dans les musées du monde entier. Et puis John Cage, Nam June Paik, Joseph Beuys, Yoko Ono et La Monte Young du groupe Fluxus sont actuellement au cœur de l’exposition « Sons et Lumières », au centre Pompidou.

Quelle est votre actualité ?
Je profite de la redécouverte d’artistes « oubliés » comme Yves Laloy pour montrer à la galerie, jusqu’au 9 octobre, des peintures quasiment toutes inédites. Je n’exposais plus ce peintre avant qu’il atteigne un prix record à la vente Breton [pour mémoire, 80 000 euros (sans les frais) pour Les Petits Pois sont verts… les petits poissons rouges… préempté par le Musée des beaux-arts de Rennes où sont conservées la plupart des œuvres de Laloy]. Avant cela, l’artiste, qui n’a pas beaucoup peint, n’enregistrait pas de grosses valeurs. Peu de collectionneurs étaient intéressés. Nous exposons neuf toiles de son époque abstraite géométrique (à vendre entre 6 000 et 8 000 euros) et de la période des jeux de mots (entre 12 000 et 40 000 euros), laquelle est devenue depuis un an la période la plus recherchée de l’artiste.
Et puis, je suis expert pour la vente Julien Levy qui a lieu chez Tajan les 5, 6 et 7 octobre. Par principe, après la vente Breton, je ne voulais plus être assistant (ou expert) en ventes aux enchères. Mais pour Julien Levy, le premier marchand à avoir introduit le surréalisme aux États-Unis – mouvement que nous défendons depuis plus de trente-cinq ans –, il était difficile de refuser.

La FIAC sera finalement privée de Miga (Musée imaginaire des galeries d’art)...
J’ai eu l’idée avec Daniel Malingue de réunir cette année au milieu de la FIAC des œuvres proposées par les exposants qui devaient être de très haute qualité (de qualité Musée), et surtout pas à vendre, ne provenant pas non plus d’enchères publiques. Nous avions demandé à Jean-Louis Prat, directeur de la Fondation Maeght, de s’occuper de l’accrochage. Mais nous nous sommes aperçus que des marchands – malheureusement dirigeant certaines galeries très importantes (elles se reconnaîtront) – avaient refusé de collaborer. D’autre part, sauf une vingtaine de pièces proposées qui correspondaient à notre projet de Miga, la plupart des œuvres qui nous ont été soumises auraient pu être qualifiées de belles mais n’auraient pas été dignes d’un Musée imaginaire. En conclusion, nous avons jugé qu’il fallait mieux remettre à plus tard ce projet, plutôt que d’être critiqués par les revues comme la vôtre, par exemple.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°199 du 24 septembre 2004, avec le titre suivant : Marcel Fleiss, fondateur de la Galerie 1900-2000, à Paris, et expert en art moderne

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