Art Forum Berlin

Une ville qui fait aspirateur

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 5 octobre 2007 - 484 mots

La foire d’art contemporain profite de l’attrait croissant de Berlin pour bonifier sa liste. Les galeries tirent parti de l’atmosphère de la la capitale allemande pour favoriser les grandes installations.

 BERLIN - Après l’avoir longtemps boudée, les galeries étrangères ont repris depuis deux ans le chemin d’Art Forum Berlin. La foire d’art contemporain n’est toutefois qu’un prétexte pour se frotter à Berlin et tenter d’en percer le magnétisme. « Berlin est cool. C’est la seule capitale pauvre du monde occidental dans le pays le plus riche. Ce qui fait son charme, c’est qu’elle est en devenir, hétéroclite, incohérente, observe le collectionneur français Jean Mairet. Les communautés sont très ouvertes et les réseaux perméables. Il y a une ambiance de confort, sans que ce soit bourgeois. C’est une ville qui fait aspirateur, d’autant que l’on n’est pas obligé de réussir. C’est très zen, cela remplace un peu Katmandou. »
Pays de rêve plus que de cocagne ? Sans être un Eldorado, le commerce y porte peu à peu ses fruits, comme en témoignent les transactions soutenues effectuées l’an dernier sur Art Forum. Les autochtones commencent même timidement à mettre la main au portefeuille. « Depuis deux ans, beaucoup d’exposants me disent qu’ils vendent la majorité de leurs pièces à des Berlinois », indique Sabrina Van der Leye, directrice du salon. Le volant des affaires reste toutefois proportionné à la jeunesse des artistes exposés, la vente d’une pièce excédant rarement 20 000 euros.

« Terrain de chasse »
Quoi qu’il en soit, la liste des participants s’est bonifiée, avec le retour des New-Yorkais Andrew Kreps et Marianne Boesky. Le contingent français s’est aussi étoffé. Vétéran du salon, Frank Elbaz (Paris) prévoit dans sa besace la coqueluche new-yorkaise Kaz Oshiro, mais aussi Meredith Sparks ou Audrey Nervi, laquelle vit désormais à Berlin. Laurent Godin (Paris) revient avec un one-man show de Delphine Coindet, exercice plus proche, dans la conception même du stand – clos et tendu –, d’une exposition en galerie. Kamel Mennour (Paris) a pour sa part choisi d’introniser ses nouveaux poulains, notamment l’Égyptienne Doa Aly. Ces marchands sont rejoints par les Parisiens Nathalie Obadia, Anne Barrault, Praz-Delavallade et le prometteur Cortex Athletico (Bordeaux). « Nous essayons de profiler la foire comme un terrain de chasse pour les truffiers, souligne Sabrina Van der Leye. On peut demander aux artistes de réaliser de grandes installations qui ne cadreraient pas nécessairement avec d’autres foires. » Art Forum n’a toutefois pas convaincu toutes les figures locales. Certaines enseignes berlinoises, des plus établies tel Max Hetzler aux plus bourgeonnantes comme Isabella Bortolozzi, jouent encore les grands absents.

Art Forum Berlin

29 septembre-3 octobre, Messe Berlin, Halls 18-20 et 11.2, Messedamm 22, Berlin, tél. 49 30 3038 2076/1833, le 29, 30 septembre, 1er et 2 octobre 12h-20h, le 3 octobre 12h-18h, www.art-forum-berlin.com - Directrice : Sabrina Van der Leye - Nombre d’exposants : 136 - Tarif des stands : 185 euros le mètre carré - Nombre de visiteurs en 2006 : 41 000

De nouvelles galeries à Berlin

Loyers bon marché et artistes à foison expliquent les nombreux déménagements ou créations d’antennes à Berlin comme l’an dernier celle des galeristes de Cologne Rafael Jablonka et Michael Janssen. Inaugurée à la rentrée près de la Hamburger Bahnhof, la bouture de Haunch of Venison (Londres, Zurich) est dédiée à des projets monumentaux, des symposiums, voire des concerts de rock, ainsi celui organisé le 13 septembre par le jeune artiste Jamie Shovlin. De son côté, Suzanne Vielmetter (Los Angeles) donne en septembre le coup d’envoi de son association berlinoise avec Praz-Delavallade (Paris) via une exposition de Jutta Koether et Rodney McMillian. Le galeriste parisien prendra le relais le 3 novembre en présentant Jim Shaw. D’autres installations sont encore dans les tuyaux, celles de Charim (Vienne), Sprüth Magers (Cologne, Munich, Londres), Luis Campaña (Cologne), Dorothee Fischer (Düsseldorf) et Gregor Podnar (Ljubljana). C’est enfin une idée ambitieuse qui unira au printemps les galeristes Jocelyn Wolff (Paris) et Nikolaus Oberhuber (Vienne) au critique d’art Alexander Koch. Ces derniers ont fait appel à l’architecte expérimental Arno Brandlhuber pour modeler leur futur espace situé sur la Brunnenstraße. « Il ne s’agit pas d’une franchise ou d’une joint-venture, mais d’un projet nouveau avec un programme propre, précise Jocelyn Wolff. La galerie sera un contrepoint aux galeries “vitrine”? sans lien réel avec la scène berlinoise. »

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°265 du 21 septembre 2007, avec le titre suivant : Une ville qui fait aspirateur

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