Réouverture

Retour sur Strasbourg

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 4 octobre 2007 - 611 mots

Le Musée historique de la ville a rouvert ses portes au public avec un parcours ludique, pensé pour tous les publics.

 STRASBOURG - Après vingt ans de fermeture, le Musée historique de la Ville de Strasbourg est, depuis le 30 juin, de nouveau accessible au public. Échéances électorales obligent, l’établissement a rouvert ses portes avant même la fin des travaux. Seules sont visibles les deux premières parties du parcours, consacrées d’une part à la ville libre du Saint Empire romain germanique (1262-1681), d’autre part à la ville royale puis révolutionnaire (1681-1800). La dernière tranche, traitant des XIXe et XXe siècles, ne sera probablement achevée qu’en 2009, soit un an après les municipales.
Fondé en 1920, installé dans les anciennes Grandes Boucheries de la ville, un bâtiment du XVIe siècle, le Musée historique était à l’origine essentiellement axé autour de l’histoire militaire de la capitale alsacienne. Il comprend ainsi des dépôts très important du Musée de l’armée et une collection de plus de cent soixante uniformes militaires d’Alsaciens ayant servi sous les armes françaises, un fonds légué par Fritz Kieffer (directeur de l’Imprimerie alsacienne) en 1935. Dès les années 1970, l’ancien conservateur Jean-Pierre Klein avait souhaité donner une orientation moins guerrière au musée et favoriser une histoire plus sociale. Deux projets muséographiques avaient alors été proposés, sans pour autant voir le jour. À la fin des années 1980, le musée fut fermé d’urgence après la découverte d’inquiétantes fissures dans le bâtiment. Les fondations, rongées par l’humidité, ont été traitées entre 1997 et 2000, avant que les façades du bâtiment ne fassent l’objet d’importantes rénovations en 2003. De son côté, la nouvelle équipe nommée à la conservation en 2002 s’attaquait aux 200 000 numéros de la collection, armes, armures et uniformes, mais aussi pièces de mobilier, costumes civils, souvenirs donnés par les Strasbourgeois, ainsi que vestiges archéologiques exhumés lors de grands travaux d’aménagement telle l’installation du tramway. En coulisse, les trois conservateurs travaillent toujours au récolement des collections.

Objets à toucher
Dans les salles d’exposition, les objets se laissent voir et parfois même toucher – le visiteur peut essayer de vrais casques d’une armure ou palper des tessons de poterie –, selon une mise en scène particulièrement ludique. « Ici on peut faire ce qui est d’habitude interdit au musée, plaisante Monique Fuchs, conservatrice en chef de l’institution. Nous voulons que ce lieu soit accessible à tous, adultes comme enfants, touristes comme population locale. » Relativement discrètes, de nombreuses bornes interactives permettent d’aborder des thèmes comme l’Humanisme ou la Réforme, venant ainsi compléter des cartels très pédagogiques.
La plus belle pièce du musée se présente aussi comme la plus imposante : long de 11 mètres sur 7, le Plan-relief de Strasbourg fut réalisé en 1727 par La Devèze à la demande du roi Louis XV. Il est construit sur vingt-trois tables en sapin fixées sur des poutres de chêne. Chaque détail, minutieusement soigné, rend compte avec précision des habitations, de la végétation, des enceintes et du relief de Strasbourg au XVIIIe siècle. Des lunettes d’approche montées sur des pivots mobiles permettent de l’apprécier dans ses moindres recoins, tandis qu’une animation virtuelle intégrée explique la genèse et l’histoire de ce plan.
La visite s’achève, pour l’heure, sur la conquête de la liberté à travers la figure de Kléber, roturier devenu général à la Révolution avant d’être assassiné le 14 juin 1800 au Caire.
Candidate au titre de « Capitale européenne de la culture » en 2013, Strasbourg apporte un soin particulier à l’ensemble de ses musées. L’ouverture du « Musée Tomi-Ungerer – Centre international de l’illustration » constituera la prochaine étape d’une politique active en matière d’offre culturelle.

Musée historique de la Ville de Strasbourg

2, rue du Vieux-Marché-aux-Poissons, 67076 Strasbourg, tél. 03 88 52 50 00/50, tlj sauf lundi et jours fériés, 12h-18h et 10h-18h le week-end.

Musée historique de la Ville de Strasbourg

- Coût des travaux : 10 millions d’euros - Scénographie : 3 millions d’euros - Conservateur en chef : Monique Fuchs - Superficie : 1 750 m2 (une fois la partie contemporaine achevée) - Nbre de pièces exposées : 1 325 - Muséographie : GMS Design - Scénographie : Laurent Marquart

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°265 du 21 septembre 2007, avec le titre suivant : Retour sur Strasbourg

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