Corinne Kevorkian : « L’art islamique reste très confidentiel »

Questions à la galeriste Corinne Kevorkian, Paris

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 4 octobre 2007 - 287 mots

Quelle place occupe la céramique dans la hiérarchie des arts islamiques ?
À part la calligraphie, qui occupe une place primordiale, on ne peut pas vraiment parler de hiérarchie dans les arts de l’Islam. Dans la mesure où peinture – en dehors des manuscrits – et sculpture sont, quand elles ne servent pas de décor architectural, quasiment inexistantes, il n’y a pas comme en Occident depuis la Renaissance de distinction ni de hiérarchie entre beaux-arts et arts décoratifs. Dans la céramique en revanche, certaines techniques, particulièrement coûteuses, complexes et raffinées étaient considérées comme plus précieuses que les autres. C’est le cas des céramiques de petit feu minaï et de la céramique décorée en lustre métallique. La céramique était un art plus démocratique, largement répandu dans les classes moyennes, que le métal précieux, l’ivoire ou le cristal de roche, plus spécifiquement réservés à la cour.

Pourquoi les prix de la céramique islamique n’atteignent-ils pas ceux de la porcelaine chinoise ?
L’art islamique reste très confidentiel. Il n’a pas eu la médiatisation qu’a connue l’art chinois. Cela ne fait qu’une dizaine d’années que l’on voit des acheteurs du Moyen-Orient alors que les collectionneurs extrême-orientaux sont actifs depuis plus longtemps. Avec la création du Louvre Abou Dhabi, il est probable que les Emirats vont s’y intéresser. Mais le problème tient au préjugé encore courant quant à l’existence même d’un art en terres musulmanes.

Existe-t-il beaucoup de faux ?
Ce qui arrive le plus fréquemment, ce sont les recompositions. Les cols et les anses de certaines aiguières ou bouteilles peuvent provenir de pièces différentes. On s’en rend compte quand les formes de ces parties rapportées ne s’inscrivent pas de manière tout à fait harmonieuse ou cohérente avec le reste de la pièce.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°264 du 7 septembre 2007, avec le titre suivant : Corinne Kevorkian : « L’art islamique reste très confidentiel »

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