Arts premiers

L’Afrique en formes

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 4 octobre 2007 - 479 mots

Sotheby’s tiendra le marteau dès le 10 ”¯septembre pour la collection Ginzberg,
centrée autour des formes abstraites africaines.

 PARIS - La maison Sotheby’s dispersera à la galerie Charpentier, à Paris, une collection américaine d’art africain le 10 septembre, date qui coïncide pour la première fois avec l’ouverture de la manifestation Parcours des Mondes (lire p. 24). Mais si les marchands d’arts primitifs ne sont pas tous agacés, cela tient à la particularité de la collection Marc et Denyse Ginzberg, un ensemble d’art africain non figuratif. « Le regard sur l’art africain a beaucoup changé, explique Marguerite de Sabran, l’expert de Sotheby’s. Les objets cultuels usuels, au même titre que les masques et la statuaire africaine, sont entrés dans la classification d’objets d’art. » Ces artefacts apparus très tôt en Europe ont intégré dès les XVIe et XVIIe siècles les collections princières de curiosités naturelles et artistiques. Depuis près de vingt ans, nombre de musées internationaux leur ont consacré diverses expositions. Aujourd’hui, ces objets purs de forme, qui plaisent à une clientèle amateur d’art minimaliste, n’atteignent pas les prix des œuvres figuratives. Cet ensemble exceptionnel devrait faire progresser les goûts et les cotes.
Les Ginzberg ont constitué leur collection au cours de ces quinze dernières années, embrassant tout le continent africain et privilégiant la qualité et la beauté abstraite des formes. Marc Ginzberg en a même fait un livre, Afrique, L’art des formes, publié chez Skira/Seuil en 2000. Les objets cédés sont référencés dans cet ouvrage, suivant une classification identique. La vente démarrera avec les armes et boucliers. La pièce phare est un bouclier de danse Kiruyu du Kenya, gravé en méplat de motifs géométriques rehaussés de pigments noirs, bleus, rouges, et blancs, estimé 25 000-35 000 euros. Dans la famille des instruments de musique, domine un superbe tambour à fente Mangbetu de la République Démocratique du Congo, estimé 40 000 à 60 000 euros. Pour mémoire, un autre tambour Mangbetu a été adjugé 60 000 euros le 6 décembre 2006 à Drouot par le commissaire-priseur parisien Vincent Fraysse. Suivent les parures et les textiles, puis les réceptacles parmi lesquels d’étonnants objets telle une rare boîte à priser Sotho d’Afrique du sud en corne d’antilope, estimée 25 000 à 35 000 euros. Avant un dernier chapitre consacré au mobilier (sièges, appuis-tête et appuis-dos), les cuillers forment une section à part entière. Les expositions « Le congrès des cuillers » (1986) au Musée Barbier-Mueller de Genève puis « Cuillers-sculptures » (1991) au Musée Dapper à Paris ont donné leurs lettres de noblesse à ces ustensiles. Sortant du cadre alimentaire, elles étaient utilisées chez les Lega comme objets-symboles dans les rituels d’initiation de la société Bwami, à l’instar d’un modèle en ivoire de 21,5 cm, estimé 15 000 à 20 000 euros.

AFRIQUE, L’ART DES FORMES – COLLECTION MARC ET DENYSE GINZBERG

Vente le 10 septembre, Sotheby’s, 76, rue du Faubourg Saint-Honoré, 75008 Paris, tél. 01 53 05 53 05, expositions publiques : les 6 et 7 septembre 10h-18h, les 8 et 9 septembre 14h-18h et le 10 septembre 10h-13h, www.sothebys.com.

COLLECTION MARC ET DENYSE GINZBERG

- Experts : Marguerite de Sabran et Patrick Caput (consultant) - Estimation : 750 000 euros - Nombre de lots : 178

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°264 du 7 septembre 2007, avec le titre suivant : L’Afrique en formes

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque