Musée

Lunéville entreprend sa renaissance

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 4 octobre 2007 - 705 mots

LUNÉVILLE

L’ancienne résidence des ducs de Lorraine avait brûlé partiellement en 2003. Un vaste programme de reconstruction vient d’être lancé.

LUNÉVILLE - Dans la nuit du 2 au 3 janvier 2003, un très violent incendie ravageait l’aile d’honneur du château de Lunéville. Ce fleuron du XVIIIe siècle avait été reconstruit par Germain Boffrand entre 1719 et 1729 pour le duc de Lorraine Léopold Ier et rendu célèbre par la cour du roi de Pologne Stanislas Lesczynski. Provoqué par un court-circuit, le feu emportait toutes les toitures, causant l’effondrement des planchers sur les appartements ducaux et les salles du petit musée, dont quasiment toutes les collections exposées ont disparu. Quatre ans et demi plus tard, les travaux de reconstruction démarrent enfin. Une durée qui s’est avérée nécessaire pour régler les modalités du plus grand chantier patrimonial actuellement mené en Europe. « Il faut beaucoup de patience et d’humilité face à un monument sinistré », souligne Dominique Pocreau, chef de projet pour le château de Lunéville représentant le département de la Meurthe-et-Moselle. Depuis 2000, l’ancienne résidence du beau-père de Louis XV est, en effet, détenue en copropriété par le Conseil général de Meurthe-et-Moselle et le ministère des Armées. À son arrivée en 1995, Michel Closse (PS), le maire de Lunéville, constatant l’état du château et l’incapacité de cette municipalité de 21 000 habitants à en assumer l’entretien, s’était enquis de céder, pour un franc symbolique, la partie dont la Ville était propriétaire à une collectivité plus argentée. Le Conseil Général, peu impliqué jusque-là dans le domaine du patrimoine et conscient de l’importance de la jachère, s’était porté preneur. Mais nul ne pensait alors que le programme de restauration se transformerait en reconstruction.

Une gestion complexe
La gestion de la reconstruction, mandatée par deux maîtres d’ouvrage, est effectivement complexe. « Nous avons souhaité que les deux chantiers fonctionnent en synergie, même s’ils sont dissociés pour des questions de responsabilité », précise Dominique Pocreau. Pierre-Yves Caillault, architecte en chef des monuments historiques et seul maître d’œuvre, fait la liaison. Son parti de restauration privilégie le retour à l’état Boffrand, laissant apparents les éléments anciens dans les parties nouvelles, sans chercher à tromper, comme l’illustre une première intervention sur le vestibule d’honneur prévue avant le sinistre. Paradoxalement, l’incendie du château, classé seulement depuis 1998 au titre des monuments historiques, lui offre aujourd’hui une nouvelle chance. Alors que l’ancienne résidence était une belle endormie – le musée ne dépassait pas les 10 000 visiteurs par an –, le projet porte aujourd’hui une ambition neuve. L’incroyable mouvement de générosité – plus de 930 000 euros ont été donnés spontanément – a aussi mis les collectivités sous pression. « “Fallait-il reconstruire ?”, se sont demandés les élus du Conseil général ? », raconte Dominique Pocreau. « Oui, par politesse envers l’histoire », aime à répondre Michel Dinet, son président. « Lunéville est le seul château en province à avoir été entièrement construit au XVIIIe siècle », précise Annette Laumont, conservatrice du musée du château.
Pour l’heure, la chapelle et l’aile méridionale ne sont encore que désolation. Poutres carbonisées et gravats encombrent encore les lieux, alors que des traces de carroyage sur les murs indiquent que des méthodes de fouilles archéologiques ont été employées pour dégager des décombres les vestiges des collections. Une étude, pilotée en collaboration avec la Direction régionale des affaires culturelles, a été confiée à un cabinet d’ingénierie culturelle afin de mettre sur pied un nouveau projet scientifique et culturel. Le département – qui devrait à terme récupérer la propriété de la totalité du site si les négociations avec l’Armée aboutissent – aimerait y regrouper musée (les 5 000 pièces des réserves ont été sauvées), salles d’expositions et de rencontres, espaces dédiés aux métiers d’art, jardins restaurés et lieu dévolu à l’art équestre, Lunéville ayant abrité l’un des plus importants quartiers de cavalerie.

Rens. www.chateaudeslumieres.com

Le plus grand chantier patrimonial d’Europe

- Coût global du chantier : Chapelle : 8 millions d’euros Corps central : 10,45 millions d’euros Salons : 8,55 millions d’euros Cours et jardins : 2 millions d’euros Communs nord et sud : 7 millions d’euros - Total période 2007-2016 État : 12,18 millions d’euros Région : 12,18 millions d’euros Département : 25,64 millions d’euros - Indemnités assurances : 26,3 millions d’euros - Surface habitable de la partie incendiée : 2 500 m2 - Surface de la toiture neuve : 3 100 m2

Thématiques

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°264 du 7 septembre 2007, avec le titre suivant : Lunéville entreprend sa renaissance

Tous les articles dans Patrimoine

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque