Etablissement public

La RMN dans l’incertitude

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 8 octobre 2004 - 396 mots

Dans un climat de tension sociale, l’institution se trouve privée de direction. Une situation que le ministère ne semble pas enclin à résoudre.

 PARIS - Afin d’« évoquer la persistance de problèmes » au sein de la Réunion des musées nationaux (RMN), le ministère de la Culture a convoqué le 14 septembre Sophie Aurand, administratrice générale de l’établissement depuis octobre 2002. À la suite de cet entretien, où le ministère a « constaté un certain nombre de désaccords sur la stratégie à mener », l’intéressée est en arrêt maladie, et en passe d’être remerciée. Si le ministère insiste sur « le déficit important auquel est encore confrontée la RMN », Sophie Aurand considère, pour sa part, ne pas avoir failli à ses missions : défendre la RMN à l’heure où les grands établissements publics (le Louvre, Orsay, Versailles et Guimet) se libéraient de sa tutelle, et réduire un déficit chronique (lire le JdA n° 192, 30 avril 2004). Avec un bénéfice de 1,4 million d’euros pour 2003, le rapport d’activité annuel de la RMN lui donne raison. Pour assainir les comptes, Sophie Aurand n’a pas hésité à prendre des mesures radicales (lire le JdA n° 183, 19 déc. 2003), et beaucoup, au sein de l’établissement, lui reprochent encore sa brutalité. « Sophie Aurand paie le bras de fer qui a opposé la RMN au Musée du Louvre et à sa politique autonomiste », déplore un employé. « Nous sommes dans l’ignorance la plus totale, le ministère ne nous informe de rien », ajoute un autre. Si différents noms, comme celui d’Yves Marek, conseiller chargé de la culture au Sénat, ont circulé pour le remplacement de Sophie Aurand, c’est Maryvonne de Saint-Pulgent – actuellement présidente du conseil d’administration de l’Opéra-Comique, après avoir été directrice du Patrimoine de 1993 à 1997 –, qui semble la grande favorite… En attendant, la situation de blocage a déjà des conséquences néfastes, notamment dans l’organisation des expositions du Grand Palais (qui dépend de la RMN) ou les demandes de prêts internationaux. Le ministère Donnedieu de Vabres compte-t-il poursuivre la politique de démantèlement de la RMN lancée par Jean-Jacques Aillagon et porter le coup de grâce à cette institution plus que centenaire ? Comme le résume un membre de la CGT-Culture : « C’est un véritable scandale d’État que des hauts responsables politiques s’empoignent au détriment de l’établissement et de ses employés ».

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°200 du 8 octobre 2004, avec le titre suivant : La RMN dans l’incertitude

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