Entretien

Philippe Douste-Blazy Ministre de la Culture de 1995 à 1997

« Rendre accessible le travail des artistes »

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 8 octobre 2004 - 522 mots

Né en 1953, Philippe Douste-Blazy a été ministre de la Culture de mai 1995 à juin 1997 dans les premier et deuxième gouvernements d’Alain Juppé. Il est actuellement ministre de la Santé et de la Protection sociale et maire-adjoint de Toulouse.

 Quel est votre meilleur souvenir de ministre de la Culture ?
Avoir lutté en 1995 point par point, acte par acte, jour après jour, sans relâche contre la politique des maires et contre les élus appartenant au Front national, tout particulièrement à Orange et à Toulon... Ce souvenir est particulièrement fort parce que, dans ce combat, la plupart des acteurs culturels m’ont soutenu, au-delà de toute préférence partisane, simplement parce que l’essentiel était à défendre : la démocratie.

Quel est votre plus grand regret ?
Le fait d’avoir quitté le ministère avant de conclure la commission Rigault sur la nécessaire refonte de la politique culturelle de l’État quarante ans après la création du ministère par André Malraux. En ce sens, l’hommage que j’avais rendu à Malraux était d’autant plus important qu’il correspondait à une étape décisive, primordiale, mais qu’il convenait de dépasser. [J’ai le regret] peut-être aussi de ne pas avoir pu faire aboutir la loi sur le mécénat indispensable pour accompagner et compléter les crédits de l’État.

Quel bilan tirez-vous de votre passage Rue de Valois ?
C’est un ministère magnifique mais ardu parce que très exigeant. La diversité des métiers de la culture est aussi complexe que les passions qu’ils suscitent et sans lesquelles aucun artiste ne pourrait continuer à créer. La difficulté est toujours pour l’État de remplir ce rôle qui consiste à garantir les conditions d’émergence des talents, à prendre le risque de se tromper dans l’acquisition des œuvres, à favoriser les rencontres entre les œuvres et le public. Je me suis efforcé de mener une politique qui visait notamment à rendre accessible le travail des artistes.

Aujourd’hui, quelles sont selon vous les priorités dans le domaine de la politique culturelle ?
Quelles que soient les actions qui sont menées ou envisagées, le travail est immense et toujours à repenser. La politique éducative et culturelle est indispensable pour sensibiliser les jeunes à la qualité architecturale ou à la prise en compte de l’environnement, par exemple. En ce sens, le lien avec le patrimoine de proximité doit être établi, pour faire découvrir aux enfants leur milieu immédiat. Par ailleurs, je suis persuadé qu’il est nécessaire d’accorder une place beaucoup plus importante aux émissions culturelles à la télévision. La diversité des thèmes disponibles aussi bien que la multiplicité des approches offrent un large panorama et permettent de satisfaire à la curiosité des Français, lesquels sont loin d’être uniquement captivés, comme on nous le laisse croire, par la télé-réalité. Il y a là un véritable combat à mener. Enfin, je crois qu’il faut accompagner le travail des artistes à l’étranger, et que nous ne nous battons pas assez dans ce domaine. La France a une tradition d’accueil qu’il faut préserver, mais il faut bien admettre que nous sommes encore bien trop réservés et que nous devons porter plus avant sur le front de la scène internationale la dynamique artistique de notre pays.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°200 du 8 octobre 2004, avec le titre suivant : Philippe Douste-Blazy Ministre de la Culture de 1995 à 1997

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