Sotheby’s

La passion Castaing

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 22 octobre 2004 - 463 mots

Les amateurs se sont disputé les souvenirs de la décoratrice.

 PARIS - Le mobilier et les nombreux objets de charme se sont littéralement arrachés pendant les deux jours de la vente Madeleine Castaing les 30 septembre et 1er octobre. Les préliminaires étaient prometteurs, puisque le catalogue de vente était épuisé lors de l’ouverture de l’exposition à la galerie Charpentier, à Paris, au grand dam de ses 3 500 visiteurs. L’univers Castaing avait été recréé pour l’occasion : sur fond de bleu turquoise qu’aimait tant la diva de la décoration, l’agencement des meubles et objets par un jeu de cloisons reprenait celui des pièces de la propriété de Lèves, près de Chartres. Le quota des appels autorisés à enchérir au téléphone pendant la vacation a aussi rapidement été atteint. L’équipe de Sotheby’s a reçu une multitude d’ordres d’achat venant du monde entier, et moult protestations. Pas moins de 565 personnes se sont enregistrées afin d’enchérir sur place. La vente a démarré dans une salle surchauffée.
La « Castaingmania » a fait son effet. Les premiers lots ont tout de suite été cédés au double, voire au triple et même plus du prix attendu. Cette frénésie s’est poursuivie tout au long de la vacation, obligeant les amateurs déterminés dans leur achat d’un morceau de souvenir de Madeleine Castaing à dépenser plus que de raison. D’une façon générale, les sièges, guéridons et paravents du XIXe siècle en acajou, en bois clair ou en bois noirci, les statuettes en bronze et en biscuit, les sellettes et tabourets en céramique ou  les lampes en opaline turquoise ont décuplé leurs estimations. Ceux qui  espéraient emporter un simple siège capitonné Napoléon III pour 100 euros ont dû les laisser s’envoler chacun à plus de 2 000 euros. Les lots proposés sans prix de réserve ont tous été dispersés pour 1,76 million d’euros, soit trois fois l’estimation haute. Parmi les surprises, une paire de bougeoirs en métal argenté du milieu du XIXe siècle aux abat-jour en verre lithographié à décor de paysages animés avec animaux et personnages, estimée 500 à 800 euros, a été adjugée 26 400 euros, soit plus de trente fois son estimation haute. Mais la vedette revient à la paire de chaises longues en bois sculpté d’Italie du Nord, vers 1810-1820, recouvertes de velours de soie émeraude, estimée 15 000 à 20 000 euros, qui s’est envolée à 62 400 euros, soit la meilleure enchère de la vacation. Le public a salué par un applaudissement cette performance. Pour beaucoup, ces gracieuses chaises longues incarnaient la quintessence même du goût et de l’esprit Castaing. D’ailleurs, les nombreux décorateurs qui se sont portés acquéreurs des sièges et objets de charme XIXe, souvent en mauvais état, auront à cœur de les copier, comme le faisait Madeleine Castaing avec ses trouvailles favorites.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°201 du 22 octobre 2004, avec le titre suivant : La passion Castaing

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