Attrait des musées

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 22 octobre 2004 - 803 mots

Deux musées d’art et d’histoire sont classés parmi les quatre premiers de ce tableau « Attrait des musées ». La deuxième place, occupée par le Musée d’Orsay, confirme l’intérêt du grand public pour l’impressionnisme.

L'attrait n’est pas toujours parisien comme le prouve ce classement qui ne recense que sept établissements de la capitale sur les cinquante-deux du tableau. Cependant, trois musées parisiens arrivent aux places d’honneur : le Centre Pompidou, le Musée d’Orsay et le Musée Carnavalet – Histoire de Paris, lequel  s’arroge la première place. La surprise vient ainsi des musées d’art et d’histoire, qui se taillent la part du lion en devançant les musées de beaux-arts régionaux. C’est aussi le cas du Musée d’Aquitaine (4e), première institution régionale du classement. « Les gens se lassent d’un discours Beaux-Arts. Le public est en attente de repères », observe Hélène Lafont-Couturier, directrice du Musée d’Aquitaine à Bordeaux. L’attrait de ce musée s’explique notamment par une politique de partenariat lancée en 2003 avec le milieu associatif pour faire de l’établissement un « lieu de parole et un enjeu citoyen ».
Ce tableau n’est pas exempt d’autres surprises, comme la position du Louvre et de Versailles, institutions qui ont été déclassées pour ne pas avoir répondu à l’ensemble du questionnaire. On s’étonne aussi d’y trouver, à la 30e position, le Musée du septennat de Château-Chinon (Nièvre), dédié aux cadeaux diplomatiques de l’ancien président François Mitterrand. Son attrait est d’autant plus surprenant qu’il se situe en milieu rural, sans la proximité d’une grande ville. « C’est un musée qui bénéficie d’un public de pèlerinage. On a aussi mis en place depuis trois ans un programme d’expositions temporaires et de conférences. Peut-être que le travail paye… », confie mi-amusé, mi-surpris son directeur, François Martin. L’isolement d’un monument et ses droits d’entrée peu élevés peuvent parfois renforcer son attrait, ainsi pour le Musée du château des ducs de Wurtemberg à Montbéliard, dans le Doubs, 15e de la liste. « Dans une région dominée par Peugeot, un monument ancien se remarque. La silhouette du château surplombe la région qui, au demeurant, est un axe de passage à la croisée entre l’Europe du Nord et l’Europe du Sud », rappelle Bernard Fauchille, directeur du lieu.
Ces cas mis à part, le peloton de tête confirme l’engouement pour l’impressionnisme et le moderne. Le Musée d’Orsay fait figure de bon élève avec ses 7 760 œuvres et 2 millions d’entrées. Mais l’institution est bien moins prêteuse que le Centre Pompidou – en troisième position avec 1,1 million de visiteurs –, et encore moins que les musées des beaux-arts de Reims ou de Valenciennes. Les musées de beaux-arts en régions s’égrènent selon un rosaire inhabituel. Carcassonne et Dole dament le pion aux plus prestigieux établissements de Nancy, Orléans, Rouen et Dijon, qui jouissent pourtant de plus d’entrées. Une donne qu’expliquent la gratuité des deux premiers, le nombre important de prêts accordés, et surtout les réponses incomplètes des deux derniers musées.
Une nouvelle génération de musées prend désormais ses marques. Le Musée d’art et d’industrie de Roubaix a vu sa fréquentation fortement progresser. « Le Nord en général et Roubaix en particulier cultivent les commentaires sur un pays noir, à l’abandon. Je crois que les gens du Nord, qui sont souvent les plus mauvais ambassadeurs de leurs villes, ont été touchés qu’on leur donne un outil de valorisation de l’histoire socio-économique de la région. On attire un public qui n’est pas celui habituel. On voit des familles très populaires ou immigrées que les musées traditionnels n’arrivent pas fédérer », explique le directeur du musée, Bruno Gaudichon.
La diversité des collections joue en faveur du Musée départemental Dobrée, à Nantes, qui couvre sept périodes en mariant l’archéologie régionale à des céramiques d’Extrême-Orient et à des émaux médiévaux. Le constat vaut aussi pour le Musée des beaux-arts et d’archéologie Joseph-Déchelette, à Roanne, dont le fonds archéologique de haut niveau est couplé à un ensemble de peintures honorable. La coproduction, délaissée par les grands établissements parisiens (deux seulement pour Beaubourg, trois pour Orsay), est monnaie courante en province. Faisant de petits budgets vertu, le Musée Joseph-Déchelette organise deux expositions annuelles en coproduction. Idem pour le Musée d’Aquitaine qui s’y attelle depuis 1998. « Vénus et Caïn » en 2003 ou « Gratia Dei » en 2005 ont ainsi été montées en collaboration avec des institutions internationales. Les Abattoirs à Toulouse détiennent la palme avec onze expositions réalisées en partenariat avec d’autres musées et centres d’art. « La mise en commun de moyens est une nécessité. On n’aurait pas pu produire les œuvres de Wang Du sans le soutien de quatre centres d’art. Mais au-delà, la volonté est de s’inscrire dans un réseau national et international », indique Pascal Pique, le directeur pour l’art contemporain aux Abattoirs. Et si la province devenait un vecteur de rayonnement international ?

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°201 du 22 octobre 2004, avec le titre suivant : Attrait des musées

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