Répertoire

Les tissus de Matisse

Le Journal des Arts

Le 19 novembre 2004 - 473 mots

Le Musée du Cateau-Cambrésis présente la collection d’étoffes de Matisse et son influence dans l’œuvre du maître.

 LE CATEAU-CAMBRÉSIS - Des tissus de différentes natures et de tous horizons sont à l’honneur au Musée Matisse du Cateau-Cambrésis (Nord), de la toile de Jouy au tapa océanien en passant par la soie brodée. Issues de la collection personnelle d’Henri Matisse (1869-1954) commencée dès son arrivée aux Beaux-Arts, ces étoffes sont présentées avec 93 œuvres du maître comprenant peintures, gouaches découpées, dessins, gravures, tapisserie, costume de ballet et chasubles, le tout dans une mise en scène propice à la confrontation. Ces pièces entendent démontrer « de quelles façons cette collection servit à l’artiste de laboratoire expérimental […] en mettant l’accent sur quatre tournants successifs où il utilisa les textiles afin de se hisser jusqu’à une nouvelle réalité picturale », explique dans le catalogue Hilary Spurling, biographe du maître. Forte de son partenariat avec la Royal Academy de Londres et le Metropolitan Museum of Art de New York, bénéficiant à ce titre de quelques prêts remarquables, l’exposition, annoncée comme la première sur le thème, se révèle une démonstration pertinente de l’influence de ce que Matisse appelait « sa bibliothèque de travail ».
Si les tissus enrichissent l’œuvre du maître au fil de sa carrière, le musée, créé par l’artiste en 1952 dans sa ville natale et rénové dernièrement (lire le JdA n° 159, 22 nov. 2002), ne manque pas de revenir sur sa période au Cateau-Cambrésis et à Bohain-en-Vermandois (Aisne).
Né dans une famille de tisserands du Nord, Matisse vécut vingt ans dans cette région à forte tradition textile, entouré d’étoffes destinées à la haute couture parisienne et bercé par la « musique de tic et de tac » des métiers à tisser. Très vite, il intègre dans ses compositions des tissus de diverses provenances (tapis, rideaux, robes de couture, blouses et tuniques) dont la place et l’importance ne cesseront de grandir, telle une nappe inspirée d’une étoffe imprimée du XIXe siècle dans sa Nature morte, vaisselle à table (1905-1906). Le tissu irradie l’ensemble de la toile tant par ses couleurs que par l’arabesque de ses motifs. Même foisonnantes d’étoffes et de tentures aux mariages incertains, ses peintures ne sont que clarté et harmonie comme le démontre Le Paravent mauresque de 1921. Plus encore, ses expérimentations à partir des tissus guident Matisse vers l’abstraction en lui permettant de s’éloigner de la réalité : expérimentations de la couleur dans ses peintures telle Deux jeunes filles, robe jaune, robe écossaise (1941), de la matière dans ses lithographies, ainsi Grande odalisque à la culotte bayardère (1925) et des motifs dans ses dessins avec La Blouse roumaine (1939).

Matisse et la couleur des tissus

Jusqu’au 13 février, Musée Matisse, palais Fénelon, 59360Le Cateau-Cambrésis, tél. 03 27 84 64 50, tlj sauf mardi 10h-18h. Catalogue éd. Gallimard, 214 p., 46,50 euros, ISBN 2-07-011788-X.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°203 du 19 novembre 2004, avec le titre suivant : Les tissus de Matisse

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