Classique XVIIIe

La collection Cordier chez Sotheby’s

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 3 décembre 2004 - 578 mots

Dans un paysage parisien clairsemé, la maison de ventes propose la collection de mobilier XVIIIe de la maison vinicole Cordier.

 PARIS - Sotheby’s disperse le 16 décembre une collection de mobilier et objets d’art, supposée anonyme, mais qui d’après nos informations serait celle de Pierrette Cordier, héritière de la maison vinicole Cordier. Cet ensemble estimé de 4,8 à 7 millions d’euros s’est constitué entre les années 1970 et 1990, sous le conseil notamment de l’expert parisien Jean-Pierre Dillée. Vu l’indigence des ventes parisiennes de ce semestre en mobilier XVIIIe, Christie’s et Sotheby’s se sont livrés à un vrai combat de coq pour la décrocher. Pour l’obtenir, Sotheby’s aurait même renoncé aux frais « vendeur », tout en garantissant un paiement immédiat après la vacation (1). À quelques exceptions près, les prix avancés semblent raisonnables, mais la fourchette basse et haute est étonnamment élastique, ce qui retire toute substance à la notion même d’estimation !
Comme la plupart des collections d’amateurs parisiens, celle de Pierrette Cordier est de goût classique. Elle compte une petite poignée de pièces phares, plusieurs objets montés très raffinés, une intéressante sélection de porcelaine chinoise de la famille verte et... un long bréviaire de lots d’intérêt moyen. La pièce maîtresse de la vente est un fauteuil à dossier plat estampillé Nicolas Heurtaut, provenant, d’après les recherches de l’expert Bill Pallot, du comte d’Artois au palais du Temple. On s’étonne de le retrouver en vente publique alors que sa propriétaire avait déclaré vouloir l’offrir au Musée du Louvre… Ce musée possède par ailleurs quatre fauteuils comparables, mais plus petits, provenant du château de Gorre. L’exemplaire de la collection Cordier, qui a conservé sa dorure d’origine, n’a pas encore son passeport de sortie, mais Sotheby’s est confiante dans son obtention d’ici à la vente. L’estimation fait le grand écart entre 400 000 et 600 000 euros. La fourchette basse est proche de son prix d’achat en 1990 dans une grande collection privée parisienne. L’auctioneer se montre en revanche très optimiste sur la prévision haute de 600 000 euros. Sans doute a-t-il voulu s’aligner sur le record de 690 250 euros obtenu en 2003 chez Christie’s par un fauteuil de Georges Jacob issu de la collection Schumann. L’autre vedette sera une paire de baromètre et thermomètre attribuée à André Charles Boulle, achetée pour 2,5 millions de francs chez Sotheby’s Monaco en 1997 et proposée aujourd’hui pour 350 000-500 000 euros.
Si les estimations basses pour ces deux pièces ont été étalonnées sur leurs prix d’achat originels, la mise pour un chiffonnier en sycomore ondé et peintures polychromes d’époque Louis XVI, estampillé J. Tuart et F. Bury, est plus surprenante. Acheté pour 820 000 francs dans une vente Roberto Polo en novembre 1991, il affiche aujourd’hui des prévisions assez fantasques de 300 000-500 000 euros. Côté tableau, la prime revient au Jet d’eau du Bosquet des Muses à Marly, une belle composition d’Hubert Robert probablement peinte vers 1780, achetée pour 2,9 millions de francs dans la vente Roberto Polo de mai 1988, et présentée aujourd’hui pour 400 000-600 000 euros. Un sujet en or, qui profitera peut-être de la cote ascendante de ce peintre.

(1) Les maisons de ventes ne règlent généralement les vendeurs qu’un mois après la vente.

COLLECTION PRIVEE PARISIENNE

Le 16 décembre à 14 h 30, Sotheby’s, 76, rue du Faubourg-Saint-Honoré, 75008 Paris, tél. 01 53 05 53 05, www.sothebys.com. Expositions les 10, 14 et 15 décembre 10h-18h, les 11 et 12 décembre 14h-18h, le 13 décembre 10h-20h.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°204 du 3 décembre 2004, avec le titre suivant : La collection Cordier chez Sotheby’s

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