Zaha Hadid en fragments

Par Christian Simenc · Le Journal des Arts

Le 3 décembre 2004 - 376 mots

C’est, de toute évidence, le projet récent le plus sage de Zaha Hadid. Une forme toute simple, parallélépipédique, à mille lieues des silhouettes alambiquées qui font habituellement sa singularité. Mais les contraintes de l’édition auront cette fois eu raison du style expressif de cette architecte née à Bagdad en 1950 et établie à Londres depuis une trentaine d’années, première femme lauréate, cette année précisément, du Pritzker Prize – le « Nobel » en architecture. Cette monographie réserve néanmoins quelques surprises, car elle illustre à merveille les réalisations de Hadid : un tout constitué d’une kyrielle de fragments. Il s’agit, en effet, de quatre livres en un, imbriqués dans un beau boîtier en plastique rouge translucide, avec, inscrits sur une face, les mots Zaha Hadid, en larges lettrages et en relief.

Les quatre ouvrages, de formats distincts, développent chacun leurs propres thématiques. Le plus petit, intitulé Processus : Esquisses et dessins, contient les croquis et les plans de quatre projets datant de 1982 à 1994. L’angle aigu y est roi, le trait incisif, voire tranchant. Dans le deuxième, Textes et références, cinq personnalités du monde de l’architecture livrent leur analyse critique sur le travail de Hadid. Le troisième livre, Documentation sur les projets, rassemble les images de moult projets, non par chronologie, mais par thèmes : explosions, lames, lignes, faisceaux, rubans, spirales, compressions, fourmillements… On y retrouve notamment la production originelle, influencée par le constructivisme russe et le suprématisme de Malevitch. Enfin, le dernier ouvrage, Travaux majeurs et récents, montre une sélection de réalisations importantes : meubles et objets, projets non poursuivis mais qui ont fait école, bâtiments en gestation ou déjà construits tels le terminus du tramway de Strasbourg, un tremplin de saut à ski à Innsbruck...

« Les méthodes de Hadid conduisent à un nouveau concept d’espace – espace-champ magnétique, espace-particules, espace continuellement déformé – qui suggère de nouvelles façons de s’orienter, de se déplacer, d’habiter, écrit son fidèle associé Patrik Schumacher. Les habitants de tels espaces ne s’orientent plus à l’aide de formes marquantes, d’axes, de lisières, de domaines clairement délimités. » Dans les compositions aventureuses de Hadid, une géométrie éclatée flirte avec un constant déséquilibre.

ZAHA HADID, éd. Thames & Hudson, 2004, 4 vol. sous coffret, 448 p., anglais, 140 euros, ISBN 0-500-34200-8.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°204 du 3 décembre 2004, avec le titre suivant : Zaha Hadid en fragments

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