Bibliophilie

Pierre Bergé et Piasa mènent la danse

Le Journal des Arts

Le 17 décembre 2004 - 539 mots

Les souvenirs napoléoniens ont atteint de belles enchères à Paris dans des ventes
où les particuliers et l’État ont été les plus actifs.

PARIS - Le 7 décembre aura été un jour favorable à la SVV Pierre Bergé & associés comme aux associés de Piasa. Lors de la vente « Manuscrits, autographes et très beaux livres anciens et modernes » chez Bergé, les 103 lots proposés par Me Éric Buffetaud ont obtenu un résultat global de 1,1 million d’euros. Deux lots phares s’en dégagent, dont Les Mémoires, dictées par Napoléon Ier à trois militaires à Sainte-Hélène, avec 40 pages corrigées (sur les 84) de la main de l’Empereur. Peu de ses corrections ayant été retenues après la mort de Napoléon le 5 mai 1821, celles-ci sont par conséquent inédites. Un collectionneur suisse a acquis ce lot au téléphone, au prix conforme à l’estimation, à savoir 293 945 euros. Puis, la Bibliothèque nationale de France a préempté un manuscrit illuminé de Tite Live, Histoire romaine dans la traduction de Pierre Bersuire, dont elle avait auparavant interdit la sortie du territoire français. Ce manuscrit, inconnu des auteurs du recensement des manuscrits de Tite Live par Pierre Bersuire – lesquels en ont pourtant trouvé 60 –, est daté de 1358, a été emporté pour 282 510 euros.
Le groupe Piasa, quant à lui, a adjugé lors de sa vente « Lettres et manuscrits autographes » le brouillon du testament de Napoléon Ier, écrit et corrigé sous sa dictée par le comte de Montholon le 13 avril 1821. Napoléon ayant recopié le testament de sa main ultérieurement, ce brouillon de 12 pages est resté inconnu jusqu’à aujourd’hui. Un collectionneur privé français l’a acquis pour 132 779 euros. Piasa a également vendu une lettre manuscrite de Wolfgang Amadeus Mozart, écrite à Vienne à son père Léopold en 1784 pour la somme de 120 332 euros. La vente a obtenu un produit total de 1 037 589 euros.

Absence des grands libraires
Christie’s, de son côté, a décroché le 24 novembre un très bon prix pour les 14 volumes de planches (sans les volumes de texte) d’une Description d’Égypte, publiée à Paris de 1809-1822 et reliée superbement en maroquin vert par Tessier. Un libraire spécialisé en livres aux armes (celles d’Henri V, comte de Chambord, en l’occurrence) a accordé 117 500 euros pour cet exemplaire remarquable. Le Code civil des Français, ainsi que le Code de procédure civile, publiés en 1804 et 1806 à Paris, ont été enlevés par un libraire français pour 129 250 euros dans la même vacation, qui a réalisé un résultat total de 653 006 euros.
Les maisons Artus Enchères et Hubert Brissonneau, quant à elles, ont adjugé le 23 novembre pour 78 325 euros l’édition originale du « drame surréaliste » de Guillaume Apollinaire, Les Mamelles de Tirésias (Paris 1918, avec la musique de Germaine Albert-Birot), venant de la collection du poète. Un ensemble de manuscrits autographes de Jean Cocteau sur Jean Marais, incluant un cahier de dessins, a été emporté pour 26 510 euros.
D’une manière générale, on constate souvent actuellement l’absence des grands libraires dans les salles de ventes comme au téléphone. Assis sur leur stock, frileux, ils laissent aux particuliers et à l’État les achats les plus spectaculaires.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°205 du 17 décembre 2004, avec le titre suivant : Pierre Bergé et Piasa mènent la danse

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