Sotheby’s

La vente Cordier dans les clous

Le record du fauteuil Heurtaut a sauvé la mise.

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 7 janvier 2005 - 570 mots

La vente de la collection Pierrette Cordier, dispersée par Sotheby’s le 16 décembre, est symptomatique de l’état du marché ancien : la messe est dite pour les pièces classiques ou « chichiteuses », d’où un taux d’invendus de 40 % tandis que les œuvres exceptionnelles, ou supposées telles, ne connaissent pas de plafond.

PARIS - Grâce aux très bons résultats des lots vedettes, la maison de ventes a pu rester dans les clous de ses prévisions en totalisant 5,8 millions d’euros.
Le premier chapitre des dessins et tableaux anciens fut bigrement laborieux. Quatre feuilles de Louis Carrogis dit « Carmontelle » ont été rescapées de la débandade par leur achat, parfois au raz de l’estimation basse, par une collectionneuse privée issue d’une famille de spiritueux. La mise en vente des Quatre saisons de Jean-Baptiste-Marie Pierre a donné lieu à un cafouillage de la part d’un représentant de l’État venu préempter l’œuvre. Alors que cette suite de toiles avait été ravalée à 170 000 euros, sans qu’aucune enchère n’ait été émise, un émissaire de la République s’est manifesté, malgré la mise en garde de l’auctioneer Alain Renner sur le fait que le tableau était invendu. Visiblement peu au fait des us et coutumes en salle des ventes, le conservateur a fait recommencer les enchères en les montant dans le vide jusqu’au prix de réserve de 200 000 euros ! Il serait bon que l’École du patrimoine prévoie un training sur les ventes publiques... Cette suite acquise de manière cocasse ira rejoindre les collections du château de Fontainebleau.
Le Jet d’eau du bosquet des Muses à Marly par Hubert Robert est en revanche resté invendu. À l’heure de la vente, le tableau n’avait pas obtenu son passeport de sortie, sans pour autant qu’il lui ait été refusé, contretemps qui a valu à Alain Renner un commentaire grinçant à l’encontre des musées. Toute aigreur mise à part, certains professionnels trouvaient la toile usée.

Mobilier haut de gamme
Après une première tranche poussive, le bréviaire des adjudications a été plus réjouissant pour les objets d’art. Une paire de baromètre et thermomètre attribuée à André Charles Boulle est partie pour 400 000 euros au téléphone. Stéphane Turisk de la galerie Au vieux Paris (Paris) n’a pas lésiné sur les enchères pour décrocher à 187 200 euros un seau à rafraîchir en porcelaine Imari à monture d’argent. Une paire de petits candélabres aux Chinois en bronze doré a aussi pulvérisé son estimation avec 422 400 euros enregistrés au téléphone par le nouveau conseiller international du département Mobilier, Patrick Leperlier, au profit d’un collectionneur européen. La palme revient au fauteuil à dossier plat en hêtre doré d’époque Louis XV par Nicolas Heurtaut, provenant du comte d’Artois au palais du Temple. Le courtier américain William Iselin l’a emporté contre deux téléphones pour 1,3 million d’euros. Ce record vient détrôner celui de 690 250 euros recensé en 2003 chez Christie’s par un fauteuil de Georges Jacob issu de la collection Schumann. « J’espérais battre le record précédent, mais c’était un espoir. À 800 000 euros, j’aurais déjà été fabuleusement content ! », souligne Patrick Leperlier. Une enchère qui, après celle faramineuse de 19 millions de livres sterling (27,4 millions d’euros) pour le Cabinet Badminton chez Christie’s la semaine précédente, confirme que le mobilier haut de gamme reste prisé. Le hic est que la majorité des pièces actuellement proposées sur le marché relève plutôt du second, voire du troisième choix.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°206 du 7 janvier 2005, avec le titre suivant : La vente Cordier dans les clous

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