Art public

Drôle de Tram

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 7 janvier 2005 - 563 mots

Daniel Buren et Tobias Rehberger vont intervenir sur les deux lignes du TramTrain de Mulhouse.

 MULHOUSE - Après des années de politique du « tout voiture », les villes françaises se tournent à nouveau vers les transports collectifs, et en premier lieu le tramway. Ce dernier offre en effet l’avantage d’être à la fois rapide, sûr et écologique. Les grands chantiers lancés à partir de la fin des années 1980 se sont accompagnés d’importants programmes de commandes publiques artistiques. L’un des plus exemplaires concerne Strasbourg, où sont notamment intervenus Jonathan Borofsky, Barbara Kruger, Mario Merz, Gérard Collin-Thiébaut, l’Oulipo et, dans une seconde phase, Alain Séchas et Siah Armajani… Montpellier, Nantes, Orléans ou récemment Bordeaux ont également accueilli des réalisations d’artistes dans le cadre de la construction de leurs tramways. Tandis qu’à Paris la ligne des Maréchaux qui reliera en 2006 le pont Garigliano à la porte d’Ivry sera ponctuée d’interventions d’artistes le long du parcours, Mulhouse vient de dévoiler les projets sélectionnés pour le TramTrain, dont les deux premières lignes seront mises en service à la fin de l’année 2005. L’originalité du parti pris mulhousien tient à son choix de confier une ligne à chacun des deux artistes sélectionnés : le Français Daniel Buren et l’Allemand Tobias Rehberger.
Le premier, qui va intervenir sur la ligne est-ouest reliant Coteaux à Nouveau Bassin, propose de construire aux deux extrémités des quatorze stations des arches symbolisant une porte à la fois d’entrée et de sortie. De sections rectangulaires et hautes de huit mètres, les arches seront divisées en cinq bandes de 8,7 cm de largeur matérialisant des rayures noir et blanc. Ces bandes se prolongeront sur le sol selon un axe passant par le pied des arches et à l’extérieur de celles-ci. Le projet de Buren est ainsi à la fois de proposer une continuité d’une station à l’autre, mais aussi de mettre en place un système de maillage qui pourra s’étendre à toute la ville comme à l’agglomération mulhousienne, avec la possibilité d’être repris par d’autres maîtres d’ouvrage publics et privés dans leurs constructions.

Consultation publique
De son côté, Tobias Rehberger a imaginé neuf œuvres qui seront réalisées à proximité de la ligne sud-nord qui reliera la gare à Bourtzwiller. L’ensemble de ces créations s’inspirent des lieux, de leur histoire. Ainsi, les trois pavillons qui vont être installés près de la gare porteront le nom de Mulhouse tel qu’il existe dans d’autres pays : « Casa Molino » en Italie, « Mülhausen » en Allemagne et « Millhouse » en Angleterre. Chacun de ces pavillons sera relié par Internet aux trois villes étrangères pour y permettre la reproduction en temps réel des conditions météorologiques qui y règnent. Plusieurs projets de Rehberger, souvent utopiques ou difficiles à mettre en place, ont été largement modifiés, l’un d’entre eux ayant même dû être complètement abandonné parce qu’irréalisable.
Le chantier du TramTrain de Mulhouse a également été l’occasion d’une consultation publique qui a conduit au choix de Peret pour  l’habillage extérieur et les harmonies intérieures du Tramway, conçus à partir d’un « jaune ardent et chaud ». Enfin, le compositeur Pierre Henry a été sollicité pour imaginer deux annonces signalant les différentes stations.
Pour un chantier estimé à 250 millions d’euros, ces commandes artistiques bénéficient d’un budget de 1,7 million d’euros hors taxes.
Rendez-vous donc à la fin de l’année à Mulhouse pour découvrir ces nouvelles œuvres d’art public.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°206 du 7 janvier 2005, avec le titre suivant : Drôle de Tram

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