Pop art

Wesselmann s’est éteint

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 7 janvier 2005 - 477 mots

L’une des dernières grandes figures du pop art américain est décédée le 17 décembre à New York.

 NEW YORK - Le pop art est en deuil après la disparition le 17 décembre de Tom Wesselmann. L’artiste américain est décédé au centre médical de l’Université de New York des suites d’une intervention cardiaque. Il était âgé de 73 ans.
Né le 23 février 1931 à Cincinnati, dans l’Ohio, ce fondateur du pop art avait d’abord étudié la psychologie dans sa ville natale avant de s’orienter vers des études d’art à l’Art Academy de la cité. Il avait ensuite complété sa formation à la Cooper Union School of Art and Architecture de New York. Sa première exposition à la Tanager Gallery, toujours à New York, révèle d’emblée le thème qui ne va cesser de l’inspirer tout au long de sa carrière : le nu féminin.
En ce début des années 1960, rompant avec l’esthétique alors en vogue, celle de l’expressionnisme abstrait et de celui qu’il admire, Willem De Kooning, Tom Wesselman peint des femmes lascives dont les formes nettement découpées disparaissent sous des aplats de couleurs. Sa série « Great American Nude » lui permet de réintroduire la figure dans la peinture en offrant en même temps une interprétation singulière de l’un des sujets les plus récurrents de l’histoire de l’art. Mais l’artiste innove en introduisant ses modèles dans des intérieurs typiques de l’Amérique des sixties.
Son œuvre se prolonge d’ailleurs assez vite en trois dimensions pour intégrer des objets du quotidien, télévisions, radios, téléphones ou verres, dans une approche très personnelle du ready-made duchampien. Il s’inspire également de Matisse, allant même jusqu’à reproduire une copie d’un tableau du peintre français dans son Great American Nude No. 48.

Foudre des féministes
Son choix de peindre des femmes nues, maquillées, abandonnées, parfois fumant, ne laissera pas le public indifférent. En ces années de libération de la femme, ses peintures s’attirent les foudres des militantes féministes de l’époque, qui voient dans son travail la parfaite incarnation du machisme et la réduction de la femme au statut d’objet. Ces attaques ne firent pourtant pas dévier Wesselmann de sa peinture dont les formats augmentaient simultanément de plus en plus jusqu’à nécessiter l’assemblage de plusieurs châssis.
Dans les années 1980, l’artiste s’est éloigné de la toile pour réaliser des compositions en métal découpé et peint, tout en continuant à s’attacher à son iconographie féminine et aux intérieurs. Des œuvres de cette série avaient été exposées à Paris en 2000 lors de ses dernières expositions personnelles en France, organisées conjointement par la galerie JGM et la galerie Enrico Navarra. Aux États-Unis, la Sidney Janis Gallery, à New York, avait régulièrement exposé les œuvres de l’artiste entre 1966 et 1998.
Tom Wesselmann était la dernière des trois grandes figures qui, avec Andy Warhol et Roy Lichtenstein, ont fait éclore le pop art américain dans les années 1960.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°206 du 7 janvier 2005, avec le titre suivant : Wesselmann s’est éteint

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