Le roi Stanislas, polonais et lorrain

Le Journal des Arts

Le 21 janvier 2005 - 579 mots

En cent vingt œuvres, le Musée lorrain retrace la vie et l’œuvre de Stanislas. Roi de Pologne et duc de Lorraine, il fut un fervent défenseur des arts et des lettres.

Coproduite par le Château royal de Varsovie, cette exposition marque à la fois la fin de « Nova Polska, une saison polonaise en France » et le prologue de « Nancy 2005 », avant le coup d’envoi en mai prochain d’un programme conçu autour des thèmes de la ville et des idées au temps des Lumières. Qui mieux que Stanislas, roi de Pologne et duc de Lorraine, pouvait symboliser l’exceptionnel bouillonnement culturel qui anime Nancy au XVIIIe siècle ?
Le destin de Stanislas Leszczynski (1677-1766) a des allures de roman d’aventures, dont les multiples rebondissements sont clairement illustrés dans cette exposition. Né d’une famille très influente, extrêmement cultivé, Stanislas est prédestiné à une carrière brillante. Sa double accession au pouvoir résulte néanmoins d’un heureux concours de circonstances et de diverses tractations diplomatiques. Stanislas épouse Catherine Opalinska en 1698 et accède au trône de Pologne en 1704, imposé par Charles XII de Suède à la chute d’Auguste II. Cette élection est très contestée. En 1709, il est contraint à l’exil après la défaite de Poltava, et voyage à travers l’Europe jusqu’en 1719. Sa fille Marie épouse le roi de France Louis XV en 1725 ; Stanislas et sa femme s’installent au château de Chambord. En 1733, soutenu par Louis XV, il est réélu roi de Pologne. Il renonce au trône lors du traité de Vienne en 1737, mais garde son titre et obtient les duchés de Bar et de Lorraine que la France convoitait depuis plusieurs décennies. Arrivé en Lorraine, il s’installe à Lunéville. Accueilli froidement, il va rapidement acquérir une belle notoriété en s’entourant d’artistes, de savants et de philosophes, faisant de sa cour l’une des plus fastueuses d’Europe. Bon vivant, Stanislas organise des fêtes, concerts et bals au château de Lunéville, dans les jardins extraordinaires et les folies dont témoignent les tableaux d’André Joly présentés dans l’exposition (Le Château et le rocher de Lunéville).

Personnage multiple
Cent vingt peintures, sculptures, objets d’art, dessins, livres, médailles et manuscrits, pour la plupart jamais vus en France et ayant appartenu à Stanislas, sont réunis dans cette exposition historique et artistique. Celle-ci illustre parfaitement, en un parcours divisé en huit sections, la dualité du personnage, devenu lorrain de cœur tout en restant attaché à la Pologne. De ses origines évoquées dans la première salle au Stanislas artiste (peintre et dessinateur), philosophe (il écrit plusieurs ouvrages) et bâtisseur (le plus bel exemple étant certainement la place royale de Nancy, devenue la place Stanislas), en passant par sa double élection, son arrivée en Lorraine, sa cour et ses majestueuses demeures, Stanislas apparaît comme un personnage multiple dont l’épisode lorrain se révèle être le plus glorieux. Privé de tout pouvoir politique, Stanislas y trouve par le biais de ses engagements artistiques et intellectuels une façon de s’illustrer brillamment. Avec la fondation d’écoles gratuites, de la première bibliothèque publique ouverte en Lorraine – dans la galerie des Cerfs, lieu même de l’exposition – et de la Société royale des sciences et belles-lettres, laquelle deviendra l’Académie de Nancy, Stanislas a profondément marqué l’histoire de la ville.

STANISLAS, UN ROI DE POLOGNE EN LORRAINE

Jusqu’au 21 mars, Musée lorrain, 64, Grande-Rue, 54000 Nancy, tél. 03 83 32 18 74, tlj 10h-12h30 et 14h-18h, fermé le mardi, nocturne mercredi jusqu’à 20h. Cat. Éditions Artlys, 240 p., 250 ill., 30 euros.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°207 du 21 janvier 2005, avec le titre suivant : Le roi Stanislas, polonais et lorrain

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