Pleins feux sur Nancy

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 21 janvier 2005 - 672 mots

Une vaste campagne de rénovation va redonner à la place Stanislas sa splendeur passée. La ville saisit l’occasion pour proposer de nombreuses manifestations au cours de l’année.

En 2005, Nancy va être le théâtre d’un vaste chantier destiné à rénover le cœur historique de la ville, fleuron du XVIIIe siècle inscrit au Patrimoine mondial de l’humanité. Au centre de ce programme architectural : la restauration de la place Stanislas conçue il y a deux cent cinquante ans, entre 1751 et 1755, par Emmanuel Héré, architecte de Stanislas Leszczynski, roi de Pologne et duc de Lorraine. Finie la circulation automobile : d’ici à avril 2005, les travaux rendront aux piétons cette place parmi les plus belles d’Europe. L’architecte en chef des Monuments historiques Jean-Yves Caillault, responsable du projet, a choisi de lui restituer son état d’origine. La surface de la place sera recouverte d’un pavage ocre clair, le pourtour et les diagonales seront traités en pavage noir, tandis que le périmètre de la place sera revêtu d’un dallage calcaire. Le pavement initial avait été déposé au XIXe siècle et remplacé par une voie périphérique pavée et une aire centrale en terre battue, jusqu’en 1958 où l’ensemble de la place fut décapé, recouvert de pavés dits « mosaïques » et sectionné par des dalles. L’imposante statue en bronze de Stanislas (érigée en 1831) sera bordée de trois marches en marbre blanc, mais, pour une meilleure lisibilité, la grille qui l’entourait sera supprimée. D’autres éléments venus enrichir la place au XIXe siècle comme les réverbères, les lanternes sur façades ou les bornes en pierre seront conservés. Pour cette opération, Jean-Yves Caillault s’est appuyé sur des documents découverts aux archives municipales et sur le tableau historique conservé au château de Pange (Moselle) représentant la place royale de Nancy. Un choix qui a fait grincer des dents certains professionnels, considérant que la place ainsi reconstituée serait légèrement bombée, ce qui la ferait s’éloigner de son état originel. Jean-Yves Caillault estime pour sa part que les travaux de 1958 ont procuré à la place une horizontalité qu’elle n’avait jamais eue. Outre la place Stanislas, les rues Héré, Stanislas et Sainte-Catherine bénéficieront d’un programme d’embellissement.

Chantiers multiples
Le Salon carré de l’hôtel de ville, situé en bordure de la place Stanislas, fait, lui aussi, depuis 2000, l’objet de travaux de restauration. Il s’agit de redonner leur caractère d’authenticité aux peintures de son plafond, très bel exemple de décor exécuté à fresque par Girardet. Les restaurateurs doivent d’abord traiter le lattis bois, sur lequel adhèrent une couche de plâtre et une couche de chaux recevant le décor peint, l’ensemble de ces éléments se désolidarisant. Les lustres en cristaux de style Louis XV de ce salon d’apparat destiné aux réunions de l’Académie ont également été remis en place. Enfin, de nouvelles dispositions permettent de recréer l’enfilade de pièces le long de la place Stanislas conformément aux aménagements du XVIIIe siècle. Lancée en avril 2003, la restauration de l’escalier d’honneur et du péristyle de l’hôtel de ville devrait prendre fin en avril. L’objet est, une fois encore, de restituer le décor central originel. Prolongeant la perspective architecturale des places Stanislas et de la Carrière, ce décor fut détruit au XIXe siècle pour permettre l’accès au musée.
D’autres chantiers sont en cours : les restaurations de la salle d’étude de la bibliothèque municipale, de la façade de l’église Saint-Sébastien et des décors peints du plafond de la nef et du chœur de l’église Notre-Dame-de-Bon-Secours. Réalisées par le Provençal de 1742 à 1749, les peintures ont été dénaturées par les retouches de 1853 et sont aujourd’hui dissimulées sous un fort encrassement.
Mais l’entreprise patrimoniale la plus importante de Lorraine reste à ce jour la reconstruction du château de Lunéville – résidence de Stanislas Leszczynski et « petit Versailles lorrain », comme le surnommait Voltaire –, ravagé par un incendie en janvier 2003 (lire le JdA n° 162, 10 janv. 2003).  Tous ces chantiers devraient donner un souffle nouveau à Nancy et sa région, qui s’apprête à inaugurer en 2007 la ligne tant attendue du TGV-Est.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°207 du 21 janvier 2005, avec le titre suivant : Pleins feux sur Nancy

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