Italie - Archéologie - Politique

Amnistie

Scandale à l’italienne

Par Gilles de Bure · Le Journal des Arts

Le 21 janvier 2005 - 378 mots

Le gouvernement de Silvio Berlusconi a été contraint de retirer un amendement de la loi de finances 2005 qui aurait permis aux possesseurs d’objets de fouilles clandestines d’en devenir les propriétaires légitimes.

Rome - En Italie, le gouvernement de droite a été contraint de retirer un amendement à la loi de finances 2005, permettant aux possesseurs d’objets de fouilles clandestines d’en devenir les propriétaires légitimes. Il aurait suffi de les déclarer aux surintendants des circonscriptions archéologiques et d’acquitter à l’État 5 % de leur valeur estimée.
Cet amendement proposé au cours de l’été 2004 par Gianfranco Conte, député de Forza Italia (parti du chef du gouvernement Silvio Berlusconi) allait dans le même sens que l’amnistie juridique et fiscale qu’avait fait voter le même gouvernement peu après son arrivée au pouvoir en 2001. Celle-ci autorisait le rapatriement des capitaux et des biens (parmi lesquels sont principalement visées les œuvres d’art) détenus illégalement à l’étranger moyennant le versement d’un pourcentage de leur valeur. En 2003, une autre amnistie pour les constructions édifiées ou modifiées illégalement avait suscité l’indignation des associations de défense de l’environnement et du patrimoine.

Prospère marché noir
Il y a près d’un siècle en Italie qu’une loi interdit aux particuliers de détenir des pièces archéologiques découvertes après sa promulgation. Bien qu’elle soit largement contournée, et que les sites continuent notoirement d’être pillés et le marché noir de prospérer, elle a de très nombreux défenseurs qui l’estiment essentielle à la protection du patrimoine. Le quotidien La Reppublica a publié en novembre 2004 un article retentissant du directeur de la prestigieuse École normale supérieure de Pise, Salvatore Settis – une autorité en matière d’Antiquité classique. Sa tribune a cristallisé l’opposition à cet amendement, et a finalement contraint le ministre des Biens et Activités culturels, Giovanni Urbani, à le désavouer.
Mais cela n’a pas entamé la détermination de Gianfranco Conte, qui entend continuer avec une loi intitulée « Recensement des biens privés à caractère artistique, historique, archéologique et ethno-anthropologique, cession et circulation de ces biens », censée apporter une libéralisation radicale de la législation italienne en matière de biens culturels.
Selon lui, les lois actuelles, exagérément restrictives, produisent un effet pervers : elles pénalisent les marchands, les collectionneurs de bonne foi et leurs héritiers, tout en favorisant le marché noir.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°207 du 21 janvier 2005, avec le titre suivant : Scandale à l’italienne

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