Venise

Fiat vend le Palazzo Grassi

Par Maureen Marozeau · Le Journal des Arts

Le 18 février 2005 - 610 mots

La Ville de Venise a racheté le palais et envisage de confier à Jean-Jacques Aillagon sa direction artistique.

 VENISE - Le groupe Fiat a annoncé le 29 janvier la vente du Palazzo Grassi, haut lieu d’expositions de la Sérénissime, à la société Casino di Venezia, contrôlée à 95 % par la municipalité. La Ville de Venise va dans un premier temps apporter 51 % des 28,9 millions d’euros demandés par le groupe industriel, s’engageant à verser les 49 % restants dans un délai de dix-huit mois. À terme, la municipalité envisagerait de ne conserver qu’une participation minoritaire dans l’institution qu’elle compte peu à peu céder à des investisseurs privés. Parmi les repreneurs potentiels, circulent les noms de Guido Angelo Terruzzi, entrepreneur milanais à la tête d’une riche collection de tableaux, et de François Pinault. Dans l’édition du 1er février du quotidien italien Il Messaggero, le maire de la ville, Paolo Costa, évoque un mécène qui se propose de financer une exposition par an. Il a aussi confié être en discussion avec Guido Angelo Terruzzi, dont la collection d’œuvres signées Canaletto, Mattia Preti, Magnasco et Belloto « pourrait être exposée dans le petit théâtre du palais, qui est à restaurer ».
Paolo Costa a confirmé son intention de conserver la vocation culturelle du palais, conformément au souhait de Giovanni Agnelli, patriarche de l’automobile italienne décédé en 2003 et mécène du lieu pendant une vingtaine d’années. Le palais, datant de 1722 et réaménagé par l’architecte Gae Aulenti, est devenu l’un des lieux d’exposition phares d’Italie. « C’est une affaire à laquelle il aurait été idiot de renoncer », a déclaré le maire de Venise, qui se félicite de donner à la municipalité l’espace voué aux expositions temporaires qui lui manquait. Il a également annoncé la conclusion prochaine d’un accord avec l’ancien ministre de la Culture français Jean-Jacques Aillagon pour prendre les rênes de l’établissement. Selon lui, le conseiller personnel de François Pinault serait « déjà en train de penser à la prochaine exposition à organiser au Palazzo Grassi ».

« Totale autonomie »
Contacté, Jean-Jacques Aillagon a confirmé s’être rendu récemment à Venise pour discuter des modalités de cette collaboration. L’ancien ministre la conditionne néanmoins à la mise en place d’une structure de gestion et de régie des œuvres professionnelle, et à l’assurance que sa fonction de directeur artistique lui offre « une totale autonomie dans la programmation du lieu ». Si ces conditions sont très rapidement remplies, il envisage l’ouverture de la première exposition en juin, au moment de la Biennale de Venise, sinon à l’automne prochain, l’ancien ministre s’interdisant « toute improvisation ».
Au même moment, à Paris, Jean-Jacques Aillagon a été désigné candidat du gouvernement à la présidence de la chaîne francophone internationale TV5. Réagissant à cette annonce, le Syndicat national des journalistes (SNJ) a brandi l’article 432-13 du code pénal selon lequel « il est strictement interdit à une personne qui, du fait de sa position administrative, a eu la tutelle sur une entreprise, d’y travailler dans un délai de cinq années après la cessation de sa fonction, sous peine d’un emprisonnement de deux ans et/ou 30 000 euros d’amende ». Jean-Jacques Aillagon ayant exercé une tutelle administrative sur TV5 en tant que ministre de la Culture, le SNJ s’engage à saisir le procureur de la République en cas de nomination. L’ancien ministre a pour sa part affirmé avoir mandaté des experts pour étudier la compatibilité de sa candidature avec ses anciennes fonctions, se refusant à ce que son éventuelle nomination puisse lui être par la suite contestée.  Et de préciser que la présidence de TV5 était de toute façon conciliable avec la direction artistique du Palazzo Grassi.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°209 du 18 février 2005, avec le titre suivant : Fiat vend le Palazzo Grassi

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