Daniel Buren, enfin !

Par Philippe Régnier · Le Journal des Arts

Le 1 avril 2005 - 301 mots

Plus de trente ans après le retrait de son œuvre de la sixième « Exposition internationale » au Solomon R. Guggenheim Museum de New York, une grande toile rayée haute de vingt mètres accrochée au centre de la spirale de Wright, Daniel Buren revient sur les lieux même de la censure, et de quelle manière !

Il y présente une importante exposition personnelle, un événement rare par son ampleur pour un artiste français vivant. Cette exposition est évidemment l’occasion de revenir sur le travail de l’artiste, de ses affichages sauvages à ses dernières réalisations pour l’espace public qui mettent en évidence à la fois la constance d’une démarche et l’extrême maniabilité de son outil visuel. Cette exposition new-yorkaise est bien entendu symbolique pour Daniel Buren et son œuvre, mais elle l’est aussi, à travers lui, pour toute une génération d’artistes, notamment français, dont le travail a été soigneusement dénigré par la scène américaine. Il faut ainsi se souvenir de la violence des attaques qu’a subies Daniel Buren de la part des minimalistes américains, parmi lesquels Dan Flavin et Donald Judd. Ces combats savamment orchestrés pour renforcer encore l’hégémonie américaine n’avaient pourtant aucune légitimité artistique, comme le rappelle aujourd’hui une exposition comme « Beyond Geometry », présentée actuellement à Miami, après Los Angeles.

Le mal est pourtant fait, et malgré la dynamique de la scène française nos artistes sont encore loin de la visibilité qu’ils méritent. La prochaine Biennale de Venise devrait encore en être l’exemple le plus désolant. Seul un plasticien hexagonal, le peintre Bernard Frize, a été invité par les deux directrices espagnoles de la manifestation. Une aberration qui devrait conduire les collectionneurs, les artistes et les professionnels de l’art français à se mobiliser ensemble pour enfin défendre notre scène. À New York ou ailleurs, une nouvelle ère doit s’ouvrir.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°212 du 1 avril 2005, avec le titre suivant : Daniel Buren, enfin !

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