Drouot

Les 12 Nouveaux Réalistes

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 15 avril 2005 - 869 mots

Me Cornette de Saint Cyr mise sur une sélection d’œuvres représentatives des artistes du mouvement.

PARIS - Le mardi 19 avril, la maison de ventes Cornette de Saint Cyr organise à Drouot-Montaigne une importante vente d’art contemporain portée par une première partie consacrée aux Nouveaux Réalistes, en hommage à Pierre Restany. « Par amitié et pour la mémoire de ce fondateur et théoricien du mouvement, décédé en 2003 », précise Arnaud Cornette de Saint Cyr. Les douze artistes du groupe sont représentés : Arman, César, Christo, Gérard Deschamps, François Dufrêne, Raymond Hains, Yves Klein, Martial Raysse, Mimmo Rotella, Niki de Saint Phalle, Daniel Spoerri, Jean Tinguely et Jacques de La Villeglé. « Cela faisait longtemps qu’on avait envie de faire une vente thématique sur les Nouveaux Réalistes avec des pièces des années 1960-1970, au cœur du mouvement, et de montrer comment chacun d’entre eux a illustré les différentes tendances du mouvement ancré dans une tradition post-duchampienne. Aussi, s’il avait manqué un seul artiste, on ne l’aurait pas fait, insiste le commissaire-priseur. Le point de départ a été la conjugaison de deux collections françaises d’art contemporain, embryon de cette vente thématique et véritable déclencheur pour sortir d’autres œuvres. Car nous tenions absolument à avoir un monochrome, une anthropométrie et une éponge de Klein ; un pouce, une expansion et une compression de César, etc. »

Klein la locomotive
La vente est organisée de façon alphabétique en suivant les épigrammes que Pierre Restany avait écrit pour chaque artiste. Si String on the Rainbow, inclusion de tubes de peinture dans du Plexiglas de 1965, pièce unique d’Arman estimée 15 000 euros, ouvre la marche, la figure emblématique d’Yves Klein est la locomotive de la vacation. À un historique Portrait-relief de Martial Raysse de 1962 issu de l’ancienne collection de Pierre Restany, estimé 150 000 euros, s’ajoute une importante huile sur carton marouflé sur toile de la série des « Anthropométries », datant de 1962 et estimée 250 000 euros. La vente comprend aussi un petit monochrome vert M 105 de 1956 provenant de l’ancienne collection Andy Warhol (estimé 45 000 euros) et une éponge enduite de pigment pur estimée 80 000 euros. L’œuvre de César se décline en sept lots dont un Pouce en bronze nickelé de 45 cm datant de 1965, signé et numéroté 3/6, proposé pour 50 000 euros ; une Compression d’éléments métalliques de machine à laver, datant de 1961, signée et estimée 40 000 euros, ainsi qu’une pièce unique représentant une Expansion en fonte d’aluminium, signée, datée de 1970 et estimée 38 000 euros. Une Coiffe de 1974 réalisée par Niki de Saint Phalle en collaboration avec Jean Tinguely, estimée 30 000 euros, et une Nana de 1970, pièce unique estimée 60 000 euros, représenteront l’artiste féminine du groupe. Les collections du docteur V. de Saint-Étienne et de M. T. de Paris, à l’origine de ce coup de projecteur, ont apporté huit œuvres de Hains, Raysse, Rotella, Spoerri et Villeglé sur les premiers 41 lots dévolus aux Nouveaux Réalistes et estimés 1,1 million d’euros au total (soit un tiers de la vente en valeur). Un Candélabre, pièce unique en fer soudé de Tinguely réalisé vers 1970, estimé 20 000 euros, et une affiche lacérée de 1971 par Villeglé, estimée 6 000 euros, concluront cet hommage.
Pour ne pas nuire à la cohérence de cet ensemble, la maison de ventes a volontairement relégué en fin de catalogue les lots « hors mouvement », à l’instar d’un « bronze découpé d’Arman, œuvre qui ne peut bénéficier du label Nouveaux Réalistes, pas plus qu’une Accumulation de 1988, trop tardive pour être incluse. Idem pour César : sa sculpture plate de 1958 vient avant le mouvement et une Compression de canettes de 1995 se présente trop tard », souligne Wilfrid Vacher, spécialiste en charge de la vacation. « Pour tous ces artistes que l’on apprécie et que l’on aimerait voir à leur juste prix, on espère créer une dynamique. Je ne me fais pas de souci pour des pointures internationales comme Klein ou Niki de Saint Phalle, mais je pense au groupe des affichistes constitués de Rotella, Hains, Villeglé et Dufrêne, l’artiste le plus rare pour lequel on a trouvé une belle œuvre de 1973, Prestige de Mozart. Exposée au Centre Pompidou en juin 1976, elle est estimée 40 000 euros. Faute de prix de référence, nous avons dû “inventer” une cote pour l’artiste, mais qui est justifiée si l’on en croit nos précédentes ventes », soutient Arnaud Cornette de Saint Cyr. Le commissaire-priseur a vendu le 18 mars 2002 une affiche lacérée de 1959 de Raymond Hains pour le prix record de 46 500 euros. Et il a établi un autre record mondial de 71 350 euros le 11 octobre 2003 pour Rue de la Biche, Saint-Denis de 1963 par Jacques de La Villeglé, suivi d’un deuxième prix de 43 500 euros pour une autre affiche lacérée de l’artiste datant de 1957, le 12 décembre 2004.

LES NOUVEAUX REALISTES, HOMMAGE À PIERRE RESTANY

Vente le 19 avril à 20 heures, à Drouot-Montaigne, 15, av. Montaigne, 75008 Paris, SVV Cornette de Saint Cyr, tél. 01 47 27 11 24 ; exposition : du 16 au 18 avril 11h-20h, le 19 avril 11h-16h, www.cornette.auction.fr

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°213 du 15 avril 2005, avec le titre suivant : Les 12 Nouveaux Réalistes

Tous les articles dans Marché

Le Journal des Arts.fr

Inscription newsletter

Recevez quotidiennement l'essentiel de l'actualité de l'art et de son marché.

En kiosque