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Musée privé

La Fondation Pinault s’ancre à Venise

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 29 avril 2005 - 552 mots

VENISE / ITALIE

Elle pourrait s’engager dans une dynamique européenne par le redéploiement sur plusieurs sites en Italie, en France et en Allemagne.

Le collectionneur François Pinault serait-il atteint par le syndrome multiplicateur du Guggenheim ? Marcherait-il sur les pas de l’industriel allemand Peter Ludwig, dont la collection a été distribuée entre différentes antennes européennes ? Une nouvelle orientation semble en tout cas se dessiner depuis l’annonce en 2000 d’une fondation sur l’île Seguin, à Boulogne-Billancourt.

Les recours contentieux de trois associations contre le plan local d’urbanisme (PLU) de Boulogne-Billancourt ont donné un sérieux coup de frein au chantier en décembre dernier. Le 18 avril, l’entourage de François Pinault s’est inquiété des retards du projet dans Le Monde et Libération. « Ces recours n’empêchaient pas le chantier de démarrer car le permis de François Pinault n’était pas attaqué », nous a précisé Jean-Louis Subileau, directeur délégué de la société d’économie mixte (SEM) Val-de-Seine. Soit, mais refroidi par ce contentieux, le milliardaire n’a pas confirmé en février dernier la promesse d’achat signée le 13 septembre 2004 avec Renault. De guerre lasse, son entourage s’interroge même sur les promesses faites quant à l’accessibilité et au voisinage de qualité, conditions sine qua non du projet. « Le nouveau pont de Marc Barani est en appel d’offres d’entreprise et le chantier devrait démarrer en juillet-août, défend Jean-Louis Subileau. D’après le planning, il doit ouvrir au second semestre 2007. » Cinq groupements hôteliers ont été présélectionnés pour l’ouverture d’un hôtel 4 étoiles début 2008. La ville devrait aussi financer une salle de musiques actuelles de 500 à 700 places, et une institution financière parapublique aurait accepté de prendre en charge un bâti-ment regroupant des galeries d’art. Les recours des trois associations ont enfin été levés le 22 avril au tribunal administratif de Versailles. « Aujourd’hui, le projet de François Pinault peut démarrer », nous a assuré Jean-Louis Subileau.

Mais, entre-temps, François Pinault est sur le point de racheter pour 29 millions d’euros le Palazzo Grassi à Venise, un acte qui devait être signé le 28 avril. Une solution de rechange pour une opération aux allures d’Arlésienne ? « Réviser son choix serait très déchirant pour François Pinault, nous a confié son conseiller, l’ancien ministre de la Culture et actuel président de TV5 Jean-Jacques Aillagon. Il ne va pas à Venise car il a renoncé à Boulogne, et il ne renonce pas à Boulogne en allant à Venise. » L’optique serait de pérenniser la tradition des grandes expositions de l’institution italienne en infléchissant la programmation vers l’art contemporain.

« Rapide », le maître-mot
Que le chantier se poursuive ou non sur l’île Seguin, le projet semble emprunter une autre voie. « Il s’agit de penser en termes de réseau international, plus conforme aux besoins et aux attentes, que se focaliser sur un seul site », indique Jean-Jacques Aillagon. La logique d’une plate-forme dynamisant le paysage français céderait alors la place à un redéploiement sur plusieurs villes.

Berlin, qui a déjà capté les collections de Friedrich Christian Flick, du marchand Heinz Berggruen et du photographe Helmut Newton, est déjà sur les rangs, proposant d’anciennes usines électriques. Faute d’avoir obtenu l’antenne du Centre Pompidou, Lille a aussi soumis des espaces utilisables après de rapides travaux de réaménagement. « Rapide » est le mot d’ordre. Car François Pinault, âgé bientôt de 69 ans, s’impatiente.

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°214 du 29 avril 2005, avec le titre suivant : La Fondation Pinault s’ancre à Venise

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