Photographie

L’ascension continue à New York

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 13 mai 2005 - 716 mots

Les prix ne cessent de monter pour la photographie d’après guerre, en particulier pour Diane Arbus. L’arrivée de nouveaux collectionneurs accélère le mouvement.

NEW YORK - Les ventes de photographies de Christie’s et Sotheby’s les 26 et 27 avril à New York ont totalisé plus de 10 millions de dollars (7,7 millions d’euros) de recette. Denise Bethel, directeur international du département de photographie chez Sotheby’s avoue son étonnement : « Nous avons atteint l’estimation haute de 5,772 millions de dollars pour seulement 206 lots. Cela fait 1 million de dollars de plus par rapport à notre catalogue d’octobre 2004 qui comportait le même nombre de tirages. 90 % des lots ont été vendus et les prix sont allés au-delà d’estimations “agressives”. Le marché est en pleine effervescence et nous renforçons la sélectivité des pièces que nous retenons. Aujourd’hui, nous ne prenons plus les lots à moins de 5 000 dollars que nous acceptions il y a encore à peine trois ans. »
Diane Arbus, dont les images caracolent en tête des résultats depuis plusieurs saisons, décroche à nouveau la première place. Un portfolio de 10 photographies d’Arbus, estimé au mieux 350 000 dollars, a été emporté 553 600 dollars, un prix record pour un lot de la photographe en vente publique. Devançant d’une courte tête la photo Waitress in a Nudist camp, N.J. achetée 138 000 dollars par la galerie new-yorkaise Edwynn Houk, un tirage tardif de Child with a Toy Hand Grenade, Central Park, N.Y.C., qui était estimé 50 000 à 70 000 dollars, s’est même hissé jusqu’à la sixième enchère de la vente de Sotheby’s avec 144 000 dollars. Un vintage de 1962 de la même icône de Diane Arbus, poussé jusqu’à son estimation haute de 408 000 dollars, a été la vedette de la vacation chez Christie’s. C’est même l’un des meilleurs prix pour l’artiste, le record pour une épreuve photographique de 478 400 dollars ayant été établi un an plus tôt chez Sotheby’s pour la célèbre image des Identical Twins.
Derrière les enchères ascensionnelles de Diane Arbus, figurent d’autres signatures modernes recherchées comme celles de William Eggleston avec Memphis vendu 240 000 dollars chez Sotheby’s, et Edward Weston dont Steel: Armco, Middletown, Ohio, 1922 a été emporté pour le même prix chez Christie’s. Chez cette maison encore, où 76 % des 334 lots ont trouvé preneur à prix fort, dépassant également la barre des 5 millions de dollars, deux lots acquis par des collectionneurs européens ont créé la surprise : Érotique voilée, 1933 de Man Ray, attendu autour de 160 000 dollars, a été adjugé 284 800, tandis que Marie-Sophie Wilson, Helena Christensen and Lionel, Montmartre, Paris, for Vogue, 1991 de Peter Lindberg est parti pour 102 000 dollars, le double de l’estimation. « L’appétit va croissant pour les photographes modernes qui prennent leur place dans l’histoire, souligne Philippe Garner, qui codirige avec Joshua Holdeman le département photographie de Christie’s. Si le marché est solide pour les maîtres de la première moitié du XXe siècle, il ne grimpe pas comme pour ceux de l’après-guerre. Ce marché, porté autant par les images séduisantes que les photos plus difficiles, se définit autour d’une série d’artistes. Outre Diane Arbus, William Eggleston et Edward Weston, on peut citer Lee Friedlander, Robert Mapplethorpe, Irving Penn, Robert Doisneau et Henri Cartier-Bresson. » « Le marché est clairement en train de monter, renchérit Joshua Holdeman. L’arrivée de nouveaux acheteurs accélère le mouvement. Certains artistes dont la cote s’élève, comme Diane Arbus, sont tiraillés entre l’univers des collectionneurs traditionnels de photos et ceux du monde de l’art contemporain. La ligne de démarcation entre les deux est incertaine. C’est comme un jeu. » Même son de cloche chez Sotheby’s où l’on constate que les amateurs de photographie doivent surenchérir pour contrer les convoitises des nouveaux collectionneurs venus de l’art contemporain.
« Les acheteurs sont en tout cas très difficiles à cerner, de véritables cibles mouvantes », rapporte Denise Bethel. Dans sa vente du 27 avril, elle a vendu pour trois fois l’estimation haute, soit 105 600 dollars, l’image très moderne Drops of Rain, de Clarence White, à un acheteur européen et Storm, Yosemite Valley, California, un paysage classique d’Ansel Adams, à un couple de collectionneurs américains qui lui avait déjà acheté une photo de Clarence White il y a quelques années.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°215 du 13 mai 2005, avec le titre suivant : L’ascension continue à New York

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