Louvre-Lens

C’est parti !

Par Sophie Flouquet · Le Journal des Arts

Le 27 mai 2005 - 559 mots

Le protocole d’accord a été signé le 12 mai au stade Bollaert.

 LENS - « Ça y est, c’est fait, nous allons signer. Nous y avons tellement cru, nous l’avons tellement voulu. » C’est par ces mots emprunts d’émotion que Guy Delcourt, maire (PS) de Lens, ouvrait la cérémonie protocolaire de signature à laquelle ont assisté le 12 mai le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, le président-directeur du musée du Louvre, Henri Loyrette, et les représentants des collectivités locales. Cet accord entérine officiellement la création à l’horizon 2009 d’un prolongement du Musée du Louvre à Lens et définit clairement les compétences entre la Région Nord - Pas-de-Calais, maître d’ouvrage de l’opération, et le Louvre, chargé de la mise en œuvre du projet scientifique et culturel. Le choix de Lens avait été préféré en novembre à six autres villes tentées par cette aventure de décentralisation culturelle (Amiens, Arras, Béthune, Boulogne-sur-Mer, Calais et Valenciennes).
La signature a été suivie par l’annonce du choix des six équipes d’architectes invitées à concourir pour la construction du musée : l’agence nippone SANAA, auteur de plusieurs musées au Japon (lire le JdA no 203, 19 novembre 2004), les Bordelais Anne Lacaton et Jean-Philippe Vassal, la jeune agence lilloise de Jérôme de Alzua et trois noms déjà en lice l’an passé pour le concours du Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée à Marseille (Mucem), le Marseillais Rudy Ricciotti (son lauréat) et deux candidats déçus (qui viendront à Lens en session de rattrapage), la Britannique Zaha Hadid et l’Américain Steven Holl. À l’adresse des concurrents, dont le gagnant sera désigné en septembre, Henri Loyrette a précisé qu’il souhaiterait pouvoir disposer d’un bâtiment aux réserves visitables et aux parcours privilégiant la découverte aléatoire, indiquant sa préférence pour une « architecture accessible et ouverte sur la nature », plutôt que pour un « objet solitaire ». La qualité du site n’est en effet pas étrangère au choix de Lens. Les 22 000 m2 du nouveau musée (dont 5 000 m2 d’exposition) seront construits sur un vaste promontoire boisé de 14 ha, jadis occupé par un carreau de mine.
La construction de l’équipement, estimée à 117 millions d’euros, sera financée intégralement par les collectivités locales (60 % Région, 10 % département, 10 % commune et communauté d’agglomération, 20 % Fonds européen de développement régional).
L’heure n’était toutefois pas aux chiffres, mais plutôt à l’évocation de la portée symbolique de cette implantation d’une filiale du Louvre au cœur de l’ancien bassin houiller. Élus de tous bords et habitants lensois, réunis pour l’occasion dans la loge d’honneur du stade Bollaert – haut lieu de la ferveur footballistique locale –, ont ainsi témoigné à l’unisson de cette fierté retrouvée grâce à l’installation du « plus beau musée du monde ». Henri Loyrette a clos les réjouissances en esquissant le contenu de ce premier musée voué à la « démocratisation de la culture ». En réponse aux détracteurs du projet qui auraient préféré que le Louvre privilégie les dépôts vers les musées de province, son président-directeur a mis un point d’orgue à préciser que le Louvre-Lens serait un « musée d’art et d’essai » inédit : ni « mini-Louvre » exposant un échantillonnage des collections, ni « antenne distante », mais plutôt lieu d’expérimentation, offrant des dispositifs d’exposition et de pédagogie innovants, visant à faciliter l’apprentissage du regard.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°216 du 27 mai 2005, avec le titre suivant : C’est parti !

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