Brésil

Images du Nouveau Monde

Par Daphné Bétard · Le Journal des Arts

Le 9 septembre 2005 - 499 mots

Inédite en Europe, la collection Brasiliana se dévoile au Musée de la Vie romantique.

 PARIS - L’Année du Brésil en France (lire le JdA no 208, 4 février 2005) se poursuit au Musée de la Vie romantique, à Paris, qui accueille depuis cet été la collection Brasiliana. Réunies patiemment pendant près de quarante années par le marchand parisien Jacques Kugel (1912-1985), les pièces (aquarelles, peintures et dessins) appartiennent depuis 1996 à la fondation brésilienne Estudar de São Paulo. C’est la première fois qu’elles sont montrées en Europe.
Appelés par Pedro Ier d’Orléans-Bragance sous son règne de 1822 à 1831 pour affirmer l’identité culturelle de son empire, les peintres de la mission française Nicolas-Antoine Taunay et Jean-Baptiste Debret participent à la création d’une académie des beaux-arts à São Paulo. Des artistes français, mais aussi allemands, suisses, italiens ou hollandais rejoignent en ce début de XIXe siècle la capitale impériale, où ils séjournent une à plusieurs années pour immortaliser les paysages brésiliens, la forêt amazonienne, la végétation luxuriante, le quotidien des indigènes, des esclaves africains et les Portugais installés sur place. Ainsi des œuvres de Johann Jacob Steinmann, dont l’Album d’aquarelles (1836) relate une Récolte de café, un Marché aux nègres ou encore Une Attaque par les Indiens. Installé plus de dix ans au Brésil, l’artiste réalise aussi des portraits – ceux de la Famille de Botocudos, de Mina et Menjala, de Guialla et Cabinda – et quelques vues panoramiques avec son confrère Frédéric Salathé. Arrivé à Rio de Janeiro en 1849, l’Italien Nicolau Antonio Facchinetti exécute pour sa part des paysages d’une grande minutie, comme L’Anse de Paquetá ou la Cascade de L’Itamaraty, Petrópolis (1869), tandis que Jules-Marie Vincent de Sinety élabore quantité de marines, telles Le Port de Rio de Janeiro (1841). Henry Chamberlain est lui aussi sensible à la beauté des côtes brésiliennes et à leur luminosité si particulière. En témoignent son Fort de Santa Cruz, vu du sud-ouest (1822), Notre Dame de la Gloire (1821), La Baie de Batafogo (1822)… Autant de motifs croqués sur le vif qui nous offrent une vision romantique du Nouveau Monde, figé dans un exotisme pittoresque. Cette production, aux qualités plastiques parfois discutables, « revêt un intérêt tout particulier dans la mesure où elle est liée au processus de constitution de la nation brésilienne et participe de la définition du pays et de sa représentation sur le théâtre du monde », souligne dans le catalogue Carlos Martins, conservateur de la Fondation Estudar et commissaire de l’exposition. Le parcours s’achève dans les espaces permanents du musée, où est exposé le portrait de La Princesse de Joinville (1844), fille de l’empereur Pedro Ier. Exécuté par Ary Scheffer en 1844, acquise au printemps dernier par la Ville de Paris, elle rejoint les cimaises de l’hôtel particulier où l’artiste d’origine hollandaise vécut jusqu’à sa mort, en 1858.

LA COLLECTION BRASILIANA

Jusqu’au 27 novembre, Musée de la Vie romantique, 16, rue Chaptal, 75009 Paris, tél. 01 55 31 95 67, tlj sauf lundi, 10h-18h. Catalogue, 192 p., 30 euros.

LA COLLECTION BRASILIANA

- Nombre de pièces : 122 aquarelles, peintures et dessins inédits en Europe - Commissaire : Carlos Martins, conservateur de la Fondation Estudar - Artistes présentés : Ary Scheffer, Johann Jacob Steinmann, Henry Chamberlain, Alessandro Ciccarelli, Nicolau Facchinetti, Jules-Marie Vincent de Sinety, Henry Thomas Alken, Joseph Karl Stieler, Johann Axmann, Richard Parkes Bonington...

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°220 du 9 septembre 2005, avec le titre suivant : Images du Nouveau Monde

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