Grands Antiquaires

Parcours sélect

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 4 novembre 2005 - 755 mots

Le salon bruxellois mise sur un ensemble d’exposants encore plus international.

 BRUXELLES - En jouant sur les registres du nec plus ultra et du small is beautiful, le salon Grands Antiquaires peut-il trouver sa place sur l’échiquier très engorgé des foires ? Pris en sandwich entre le Salon du collectionneur à Paris et la foire Tour & Taxis à Bruxelles, l’événement lancé en 2004 par le marchand Georges De Jonckheere entend bien relever le gant. Sa formule ? Une vingtaine de marchands de haut niveau et un dîner luxueux de grands collectionneurs. Malgré le succès affiché l’an dernier, le pari n’en reste pas moins difficile. Les grandes enseignes parisiennes qui avaient soutenu la démarche de Georges De Jonckheere ont pour la plupart déclaré forfait cette année. « On va faire Art Basel Miami Beach, puis Maastricht et peut-être Art Basel. Ce sont des foires tellement importantes qu’on privilégie les grandes par rapport aux petites », remarque avec pragmatisme Stéphane Custot (Paris, Londres). L’absence des parisiens Flore de Brantes, Segoura et Perrin signe la défection du mobilier XVIIIe. « L’an dernier, on avait commercialement bien marché, mais les stands sont petits pour présenter des meubles, précise Flore de Brantes. On fait Tour & Taxis en janvier, puis Maastricht en mars. On sera donc deux fois déjà dans cette région de l’Europe. Mais si les dates changent, on le refera. » Face au fléchissement de l’axe Paris-Bruxelles, les organisateurs briguent une tonalité éclectique et internationale.
Les Belges affichant un goût prononcé pour la sculpture, les galeries parisiennes Ratton-Ladrière, Vallois et Malaquais risquent fort de trouver chaussure – ou collectionneur – à leur pied. Reprenant le décor contemporain testé sur le Salon du collectionneur, la Galerie Malaquais réhabilite courageusement les noms parfois oubliés de Charles Malfray et Charles Despiau, dans une gamme de 5 000 à 200 000 euros.

Vraie légitimité
La section des arts non occidentaux se conforte aussi avec les retours de Bernard Dulon (Paris) et Patrick Mestdagh (Bruxelles), de même qu’avec l’arrivée d’Ariadne (New York) et de Patrick Claes (Bruxelles). Bien que Bernard Dulon n’ait pas travaillé sur le salon l’an passé, l’effet d’accoutumance a fait ses preuves. Un amateur belge lui a acheté sur la foire Tour & Taxis une sculpture déjà repérée sur le salon Grands Antiquaires. Face à la dilatation des transactions, les marchands doivent régulièrement se rappeler au bon souvenir de leurs clients.
Ce constat préside au renforcement des tableaux anciens avec l’appui de deux piliers de la foire Tefaf de Maastricht, Robert Noortman (Maastricht) et David Koetser (Zurich). Un tableau ancien se vend rarement sur un coup de cœur. Du coup, David Koetser affiche un paysage déjà vu de Jan Bruegel l’Ancien (dit de Velours), huile sur cuivre proposée pour environ trois millions d’euros. « Il faut montrer à quel niveau de qualité se situe sa galerie », observe ce grand marchand. Même son de cloche – et coquetterie – chez le spécialiste de l’Art déco Jean-Jacques Dutko (Paris), lequel présente plusieurs pièces d’Eugène Printz (100 000 à 600 000 euros) pour « rendre compte de l’atmosphère de la galerie ». À défaut de toujours vendre, mieux vaut certes faire bonne figure auprès d’une clientèle enthousiaste mais exigeante ! Certains jeunes marchands viennent aussi chercher dans le salon l’onction de leurs prestigieux aînés. « J’ai de plus en plus envie de m’afficher comme marchand important, et c’est essentiel de me profiler au milieu de grands professionnels, indique Patrick Claes. Sur les foires d’art primitif, on rencontre toujours les mêmes clients. Il y a peut-être aussi moyen de se faire là de nouveaux clients. » Ce dernier ne lésine d’ailleurs pas sur le numéro de charme avec une statue songye (environ 400 000 euros) initialement réservée pour Tour & Taxis, mais qu’il déflorera dans le contexte sélect des Grands Antiquaires.
Fort de l’appui d’enseignes puissantes, Grands Antiquaires est celui des trois salons de De Jonckheere qui jouit d’une vraie légitimité. Concurrencé par le Pavillon des antiquaires des Tuileries à Paris, le salon Antiquaires du XXe siècle de mars à Bruxelles disparaîtra sans doute au profit de la section design que la foire d’art contemporain Art Brussels inaugurera en avril prochain. Faute d’une meilleure concertation, le bras de fer entre Antiquaires des grandes civilisations et Brussels non european Art Fair (Bruneaf) risque enfin de se poursuivre en juin prochain. Quand l’émulation se mue en concurrence stérile.

GRANDS ANTIQUAIRES

10-13 novembre, the Art Home, 40, place du Grand-Sablon, Bruxelles, tél. 32 2 289 51 07, www.grandsantiquaires.be, les 10, 12 et 13 11h-20h, le 11 11h-21h

GRANDS ANTIQUAIRES

- Directeurs : Georges et François De Jonckheere - Nombre d’exposants : 23 - Tarif des stands : 600 euros HT le m2 (comprenant le stand entier, le cocktail et le dîner des grands collectionneurs)

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°224 du 4 novembre 2005, avec le titre suivant : Parcours sélect

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