Carrousel du Louvre

Commerce très actif sur Paris Photo

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 2 décembre 2005 - 718 mots

La manifestation n’a pas failli à son succès du 17 au 20 novembre.

 PARIS - Après la litanie de paysages et de petites filles balthusiennes visibles en 2004, il était plus difficile de dégager cette année une tendance esthétique sur Paris Photo, si ce n’est un revival des
années 1960-1970. Ces décennies se déclinaient chez Tom Gitterman (New York) avec un bel ensemble de Charles Traub (2 800 euros) ou chez Edwynn Houk (New York), lequel a cédé plusieurs clichés de Stephen Shore entre 9 000 et 16 000 dollars (7 700-13 700 euros). « La dernière fois que nous avions fait la foire, voilà trois ans, nous avions présenté des éditions posthumes de Diane Arbus sans rien vendre. Cette année, nous avons très bien vendu les Diane Arbus et les William Eggleston », relève Rose Shoshana (New York). Entre-temps, les records successifs en vente publique ont revigoré la nostalgie des seventies. Et ont dopé les prix des tirages posthumes, comme les 65 000 dollars exigés par la Rose Gallery (Santa Monica) pour un retirage de Patriotic Boy with Straw Hat d’Arbus !
Ceux qui ont tiqué devant les tarifs des tirages posthumes ont aussi grincé des dents devant les 45 800 euros demandés par Howard Greenberg (New York) pour La Toilette de Suzy de Brassaï.
Une photo qui, d’après un marchand parisien, peinerait à être vendue au-delà de 25 000 euros. Une surcote toutefois modeste face aux 70 000 euros exigés pour une photo de 2001 de Sam Taylor-Wood chez Camerawork (Berlin). Le double de son prix d’achat en mai chez Christie’s ! La flambée contemporaine est aussi perceptible avec les portraits inquiétants d’enfants de Loretta Lux. Sa galerie, Yossi Milo (New York), avait vendu en 2004 pour 15 000 euros une photo baptisée Marianne. Cette même image a été adjugée 45 600 dollars le 9 novembre chez Christie’s à New York. « Cela me semblait prématuré de la mettre en vente, Loretta n’est qu’au début de sa carrière », observe Yossi Milo, en affichant sur Paris Photo des photos plus récentes pour 24 500 euros. Un prix non moins corsé pour un début de carrière ! Quels qu’en soient les prix, la qualité de la photo contemporaine s’est avérée souvent faiblarde, à quelques exceptions près, comme cette vision subtile de la société israélienne par Barry Frydlender (Andrea Meislin, New York), les favelas revues et corrigées de Dionisio González (Max Estrella, Madrid) ou encore le travail sur la mémoire de Bleda & Rosa (Fucares, Madrid). « La photo contemporaine se cherche. Pour l’instant, elle reste maladroite. Il y a plus d’imitation que de création », remarquait Deborah Bell (New York). Dans ce flottement, on prenait plaisir à entrevoir des objets jouant plus sur la réflexion que la reproduction, telle cette sculpture de Jean-Luc Vilmouth composée de miroirs  (18 000 euros) chez Aline Vidal (Paris), ou quelques vidéos. Pour évoluer, Paris Photo gagnerait à s’ouvrir à l’image mouvante.
Ce sera sans doute chose faite l’an prochain avec la petite section vidéo qu’envisage la commissaire du salon, Valérie Fougeirol.
Ces bémols n’entament en rien la popularité de la foire ni son solide succès commercial. D’après les résultats d’un questionnaire lancé par les organisateurs, la moyenne du chiffre d’affaires par exposant serait de 75 000 euros, soit une progression de 50 % par rapport à l’an dernier. Si les galeries espagnoles n’ont pas boudé leur plaisir d’égrener leurs ventes, les enseignes américaines sont restées discrètes sur leurs transactions, sans doute pour des raisons douanières. « Nous avions bien fonctionné l’an dernier, mais très bien cette année », déclarait le peu loquace Charles Cowles (New York). On pointait pourtant la vente d’un photogramme de 1923 de Lázsló Moholy-Nagy par Robert Klein (Boston). Proposé pour 85 000 dollars, il a été cédé avant le vernissage à un marchand parisien. « Je ferai de l’argent probablement après la foire, indique Alex Novak, directeur de Vintage Works (Chalfont, Pennsylvanie). Aux États-Unis, les gens achètent dix à quinze tirages sur un salon. Ici, c’est plutôt un ou deux. Mais c’est très bien, car, voilà quelques années, il n’y avait pas de vraie “collectionnite”. Cette année, mon chiffre d’affaires général se fera pour 70 à 75 % en Europe. »

Paris Photo

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Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°226 du 2 décembre 2005, avec le titre suivant : Commerce très actif sur Paris Photo

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