Mobilier XVIIIe

Boulle de Noël

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 2 décembre 2005 - 664 mots

Le meilleur du mobilier français XVIIIe, signé Boulle, BVRB et Carlin, porté au pinacle par les collections Wildenstein et Rossignol dispersées à Londres et Paris

 LONDRES, PARIS - Un éventail de chefs-d’œuvre du mobilier XVIIIe français provenant de deux grandes collections françaises, parmi lesquels des pièces d’André Charles Boulle (1642-1732), est proposé en décembre au marché. Après la collection Champalimaud dispersée les 6 et 7 juillet à Londres pour 57,2 millions d’euros,
Christie’s mettra en vente les 14 et 15 décembre la collection Wildenstein de l’hôtel de Wailly (Paris 8e), formée pour l’essentiel par Nathan Wildenstein (1851-1934), et estimée entre 20 et 30 millions d’euros. Londres a été choisie pour disperser cet ensemble de 310 pièces de mobilier, dont 40 tapisseries, car « trop volumineux pour les salles parisiennes, précise Orlando Rock, directeur du département des grandes collections. Pendant une semaine, l’hôtel des ventes de King Street à Londres est exclusivement consacré à cet ensemble exceptionnel, inédit, préservé dans un état remarquable sans restauration et sans jamais avoir été exposé aux yeux du public ni proposé à la vente ».
Sommet de la vacation, une série de meubles Boulle à pedigree créera l’événement, à commencer par trois bureaux plats ornés de marqueterie de cuivre et d’écaille et décorés de bronzes dorés. Le moins cher, estimé 440 000 euros, d’époque Louis XV et attribué à Boulle fils, doit sa rareté à la présence de son cartonnier d’origine.

Trio gagnant
Pour un grand modèle d’époque Louis XIV réalisé par Boulle père et acquis auprès de la collection
Kraemer le 17 octobre 1928, il faudra compter autour de 3 millions d’euros. Toujours d’André Charles Boulle, deux consoles d’époque Louis XIV formant pendant, estimées 1,5 million d’euros la paire, et une somptueuse armoire achetée lors de la vente Seligman en 1930. Pour cette dernière, estimée 700 000 euros, on chuchote que des collectionneurs pourraient monter à plus de 3 millions d’euros.
Précédant la dispersion Wildenstein, Artcurial donnera le ton le 13 décembre à Paris avec des morceaux choisis de la collection de mobilier de l’homme d’affaires Jean Rossignol, partiellement dispersée chez Tajan en 1984 après sa mort.
« Il avait acquis des pièces d’intérêt historique, pour certaines parmi les plus rares et les plus exceptionnelles de l’époque. Nous offrons aujourd’hui une sélection de meubles (dont dix chefs-d’œuvre), tableaux et dessins conservés jusqu’à ce jour par sa descendance », indique le commissaire-priseur Rémy Le Fur, en charge de la vente chez Artcurial. Trio gagnant de la vacation : une commode galbée d’époque Louis XV de BVRB, en laque de Coromandel (plateau d’origine compris), issue de la collection du duc et de la duchesse du Maine au château de Sceaux (Hauts-de-Seine) ; un bureau plat d’époque Louis XV estampillé Joseph, présentant en ceinture un riche décor de vingt-quatre plaques en porcelaine de Sèvres ; et une petite table rectangulaire d’époque Louis XVI estampillée Carlin, en placage d’ébène, acajou, bois de rose et filets de laiton avec un plateau marqueté de marbres de couleur, et ayant fait partie de la collection Jacques Doucet. Tous trois ont été estimés 800 000 à 1 million d’euros chacun. Quelques autres lots ont été également hissés au rang de « chefs-d’œuvre », dont un secrétaire d’époque Louis XV estampillé Oeben et sa marqueterie caractéristique en mosaïque, estimé 300 000 euros ; un bureau plat d’époque Louis XVI de Leleu reposant sur huit pieds cannelés, portant la marque au feu du château de Bellevue, estimé 200 000 euros ; et deux tables d’époque Louis XIV-début Régence attribuées à André Charles Boulle, en placage d’ébène, d’écaille brune et laiton marqueté en partie et contrepartie, estimées 350 000 euros.

- COLLECTION WILDENSTEIN, vente les 14 et 15 décembre, Christie’s, 8 King Street, Londres, tél. 01 40 76 85 85 ; exposition : du 11 au 14 décembre, www.christies.com - COLLECTION ROSSIGNOL, vente le 13 décembre, Artcurial, hôtel Dassault, 7, rond-point des Champs-Élysées, 75008 Paris, tél. 01 42 99 20 20 ; exposition : du 9 au 12 décembre, www.artcurial.com

COLLECTION WILDENSTEIN - Experts : Charles Cator, Orlando Rock et Amjad Rauf - Nombre de lots : 310 - Estimation totale : 22 à 29 millions d’euros COLLECTION ROSSIGNOL - Experts : Roland de L’Espée (mobilier), Gérard Auguier (tableaux et dessins) - Nombre de lots : 72 - Estimation totale : 4 à 5 millions d’euros

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°226 du 2 décembre 2005, avec le titre suivant : Boulle de Noël

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