Art italien

Fra Angelico, moine et peintre

Le Journal des Arts

Le 2 décembre 2005 - 521 mots

En une vaste et rare exposition, le Metropolitan Museum of Art de New York célèbre ce maître florentin.

NEW YORK - La dernière exposition d’envergure consacrée à Fra Angelico en Europe remonte à 1955, lorsque Florence célébra le cinq centième anniversaire de la mort du peintre. La présente manifestation est la toute première autour de l’artiste à être organisée aux États-Unis, et l’événement est de taille, puisque soixante-quinze œuvres attestées de la main du maître – peintures, dessins, enluminures – sont rassemblées, auxquelles s’ajoutent autant de pièces de ses élèves et suiveurs.
Peu de sources documentent les premières années de la vie de Fra Angelico, et sa date de naissance demeure mystérieuse, entre 1387 et la fin du XIVe siècle. S’il représente l’image même du peintre mystique, absorbé dans la méditation et la solitude, sa carrière montre au contraire une exceptionnelle ouverture sur son temps et les idées de la Renaissance qui caractérisent les premières années du quattrocento à Florence. Son œuvre, bien qu’encore ancrée à bien des égards dans la tradition de l’art gothique, se montre rapidement marquée par les recherches de Masaccio, notamment dans son appréhension de l’espace et de l’architecture. Sa technique d’une subtilité et d’un raffinement exceptionnels fait de Fra Angelico un artiste à part dans la Renaissance italienne. Il est avant tout un peintre de fresques, qui s’épanouit dans la pureté et la simplicité. Par leur nature même, de telles œuvres ne peuvent être présentées dans une exposition, aussi ambitieuse soit-elle. Le visiteur découvrira donc ici des pièces plus intimes et de grande qualité, qui rendent compte de l’ensemble de la carrière du peintre, de 1410 à sa disparition, en 1455.
Organisé de façon chronologique et en deux parties – les œuvres du maître et celles de son atelier –, le parcours s’ouvre sur une quinzaine de peintures et de dessins illustrant la première période, jusqu’en 1422. Ensuite, des productions sur bois et sur papier mettent en lumière l’extraordinaire épanouissement de son style, avec notamment dix des onze panneaux connus d’un ensemble de peintures réalisées pour l’église Santa Croce de Florence ; neuf fragments de peintures conçues en 1440 pour le maître-autel de l’église du couvent de San Marco (certainement son plus grand chef-d’œuvre) ; et sa dernière œuvre autographe, une Crucifixion peinte pour le cardinal espagnol Juan de Torquemada, conservée au Fogg Art Museum (Cambridge, Massachusetts).

Nombreux prêts
Loin de faire pâle figure, les artistes qui composent la seconde partie de l’exposition permettent de montrer l’apport de Fra Angelico dans l’art de son temps et son rayonnement dans la production de ses élèves. Sont réunies des pièces de Battista Di Biagio Sanguigni, Zanobi Strozzi, Francesco Pesellino et Benozzo Gozzoli – qui a collaboré à plusieurs œuvres de Fra Angelico, notamment pour le Vatican. La manifestation est aussi l’occasion de proposer de nouvelles attributions et de présenter des ensembles réunis pour la première fois, grâce à de nombreux prêts de collections publiques ou privées du monde entier.

FRA ANGELICO

Jusqu’au 29 janvier, Metropolitan Museum of Art (Met), 1000 Fifth Avenue, New York, tél. 1 212 879 5500, tlj sauf lundi, 9h30-17h30 (jusqu’à 21h le vendredi et le samedi)

FRA ANGELICO

- Commissaire : Laurence B. Kanter - Nombre d’œuvres : 75 de Fra Angelico et 75 de ses assistants et suiveurs

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°226 du 2 décembre 2005, avec le titre suivant : Fra Angelico, moine et peintre

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