Trop de foires « off » ?

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 16 décembre 2005 - 587 mots

Art Basel Miami Beach peut paraître frustrante aux yeux de certains collectionneurs. Avec 5 % d’artistes âgés entre 20 et 29 ans et 32 % entre 30 et 39 ans, le salon peut difficilement satisfaire leurs penchants prospectifs ou spéculatifs. De leur côté, les galeries écartées du saint des saints veulent aussi leur part du gâteau dans un marché en ébullition. D’où cette année une moisson copieuse de foires off : Scope, New Art Dealers Alliance (NADA) Art Fair, Pulse, Aqua Art Miami, Frisbee et Pool, sans compter Design 05. Art Basel Miami Beach reste le vizir incontesté, mais ces satellites jouent des coudes pour en être le calife, ou le fou du roi.

Déferlante de foires
Après la baisse de régime observée l’an dernier, Scope a repris du poil de la bête avec l’arrivée de bonnes galeries comme Conrads (Düsseldorf). Le commerce y a toutefois été plus fluctuant que d’habitude, concurrence oblige. Avec 83 exposants contre 61 l’an dernier, NADA a offert un instantané d’une scène actuelle souvent encline au baroque. Malgré un démarrage un peu lent, les affaires y sont allées bon train. La galerie Art : Concept (Paris) a vendu quasiment toutes les œuvres de Gastaldon/Wicker, dont un dessin (1 800 dollars) notamment emporté par le couple américain Lenore et Herb Shore. De leur côté, les Valentin (Paris) ont négocié le néon Fame de Simon Moretti (14 000 dollars) et La Portée de Pierre Ardouvin (6 000 dollars) au 21C Museum de Louisville (Kentucky). « NADA représentait l’an dernier un tiers de mon chiffre d’affaires annuel. Ce sera sans doute un peu moins cette année », nous a toutefois déclaré Olivier Kamm (New York).
Mixant contemporains classiques et jeunes galeries, Pulse a profité de l’effet de nouveauté. Le fait d’y retrouver Ernst Hilger (Vienne) ou Michael Schultz (Berlin), tous deux évincés cette année d’Art Basel Miami Beach, laissait toutefois planer un arrière-goût de Salon des refusés. Qu’importe, puisqu’Ernst Hilger a totalisé un produit de 250 000 dollars en deux jours, cédant notamment une vidéo de John Gerrard pour 14 000 dollars au collectionneur américain Marvin Mordes. Le sourire était aussi aux lèvres des jeunes galeries. Virgil de Voldère (New York) a ainsi vendu au marchand new-yorkais Yossi Milo une vidéo de Brody Condon inspirée des jeux électroniques. La folie aidant, trois amateurs ont déjà réservé son prochain film alors qu’il n’existe encore que sur le papier ! En participant simultanément à Pulse et à Scope, les New-Yorkais Yancey Richardson et Mixed Greens ont pris le pouls des deux manifestations. « Il y a eu plus de ventes sur Pulse, alors que le stand était plus petit et que nous avions moins d’œuvres », nous a confié Steven Sergiovanni de Mixed Greens.
L’énergie perceptible lors du vernissage de Design 05 a dérouté les pronostics les plus optimistes. Certains marchands auraient toutefois aimé profiter de la porosité croissante entre l’art et le design en disposant d’une section au sein même d’Art Basel Miami Beach.
Si un trop-plein d’événements se révèle souvent contre-productif, ce maelström de foires n’a pas provoqué d’indigestion à Miami. « Pulse était le test, nous a déclaré le galeriste Kavi Gupta (Chicago), exposant à NADA. Si elle n’avait pas fonctionné, c’était un signe que le marché avait atteint son plafond et qu’il n’y avait plus de place pour des foires satellites. Or la faim est toujours vivace. C’est assez effrayant, car c’est comme surfer sur une vague, on se demande jusqu’où elle va nous porter. À un moment, ce sera too much. »

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°227 du 16 décembre 2005, avec le titre suivant : Trop de foires « off » ?

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