Mobilier XVIIIe

Rossignol s’envole

Par Armelle Malvoisin · Le Journal des Arts

Le 6 janvier 2006 - 545 mots

Enchères historiques pour les collections de mobilier classique français
Rossignol et Wildenstein, à Paris et à Londres.

 PARIS, LONDRES - Après la collection Safra dispersée chez Sotheby’s à New York les 3 et 4 novembre pour 40,6 millions d’euros (654 lots), les collections Rossignol (le 13 décembre à Paris chez Artcurial) et Wildenstein (les 14 et 15 décembre à Londres chez Christie’s) ont à nouveau redoré l’honneur du mobilier XVIIIe français, que l’on disait démodé. Sous le marteau de Rémy Le Fur, une soixantaine de pièces de la collection Rossignol ont connu une rare flambée des prix. Summum de cette vente – auréolée du titre de la plus haute enchère de l’année en France (toutes spécialités confondues) et de la plus haute enchère jamais obtenue en France pour un objet d’art –, un bureau plat Louis XV estampillé Joseph, orné de plaques en porcelaine tendre de Sèvres et estimé un million d’euros, a été au centre d’une joute entre deux courtiers internationaux, William Iselin et le consultant chez Sotheby’s Patrick Leperlier. Passé la barre des trois millions d’euros, le commissaire-priseur a battu du marteau à coups de 200 000 à 500 000 euros, pour finir sur le prix record de 6 874 575 euros au profit de William Iselin, pour le compte d’un collectionneur étranger. « Il y avait dans cette collection tout ce dont on pouvait rêver d’avoir », commente Bill Pallot, l’expert de la galerie Didier Aaron & Cie (Paris), qui a emporté un secrétaire d’époque Louis XV estampillé Oeben pour 356 500 euros. Mais il a dû lâcher prise sur d’autres lots de la vente, dont une table de salon en placage d’écaille et de nacre fin XVIIe-début XVIIIe poussée jusqu’à 447 990 euros par les antiquaires parisiens Kugel. Deuxième prix de la vente, une rare table estampillée Carlin, décorée de 114 échantillons de marbre, a été vendue au prix record de 3,1 millions d’euros (trois fois son estimation) au profit d’un collectionneur étranger.
Les lots phares de la collection Wildenstein ont été vendus le lendemain soir sous le marteau de François Curiel, président de Christie’s Europe, dont la présence marquait la provenance parisienne de la vente, pourtant dispersée à Londres. Les meubles Boulle d’époque Louis XIV, de bonne provenance et en bon état, se sont particulièrement bien vendus, sans pourtant dépasser leurs estimations, tel un bureau plat attribué à André Charles Boulle, comparable à plusieurs modèles conservés à Versailles et à la Wallace Collection de Londres. Ce top lot a été adjugé 3,4 millions d’euros au courtier Christopher Payne contre le marchand Konrad Bernheimer. Deuxième prix, une paire de tables Boulle d’époque Louis XIV a été acquise par un acheteur anonyme au téléphone pour 1,6 million d’euros. Mais la plus longue bataille d’enchères a porté sur un extraordinaire coquillage en nacre monté sur bronze doré d’époque Louis XV : il s’est envolé à 1,6 million d’euros, dix fois son estimation basse !

Artcurial - Résultat : 15,8 millions d’euros - Experts : Roland de l’Espée (mobilier), Gérard Auguier (tableaux et dessins) - Lots vendus : 78 % - En valeur : 99 % Christie’s - Résultat : 32,2 millions d’euros - Spécialistes : Charles Cator, Orlando Rock et Amjad Rauf - Lots vendus : 80 % - En valeur : 85 %

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°228 du 6 janvier 2006, avec le titre suivant : Rossignol s’envole

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