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La Foire des antiquaires de Bruxelles se bonifie

Par Roxana Azimi · Le Journal des Arts

Le 3 février 2006 - 529 mots

Chaleureuse et éclectique, la manifestation doit cependant encore rallier une clientèle internationale pour enrichir le vivier des collectionneurs belges.

BRUXELLES - Qui va piano va sano. L’adage italien sied à la Foire des antiquaires de Bruxelles,
laquelle a confirmé son sursaut qualitatif du 20 au 29 janvier. Ce, sans rompre avec sa bonne ambiance légendaire. Les organisateurs d’un salon peuvent donc être sérieux, professionnels, sans pour autant semer la terreur ! De quoi laisser songeurs beaucoup d’exposants parisiens.

Chaleureuse, la manifestation est aussi éclectique. La curiosité aidant, le visiteur pouvait butiner, d’un masque esquimau de la fin du XVIIIe siècle, présenté pour 90 000 euros par la Galerie Flak (Paris), à une saisissante sculpture songye (200 000 euros) chez Patrick Claes (Bruxelles). À mi- course, le galeriste a toutefois préféré la retirer, la réservant pour l’exposition qu’il concocte en juin à Paris (lire ci-contre). Les tableaux anciens ne constituent pas le point fort du salon, proximité avec Tefaf Maastricht oblige, mais les regards affûtés ont pu s’attarder sur un beau paysage sur panneau de Lucas Gassel (250 000 euros) chez Jacques Leegenhoek (Paris).

La foire offrait également matière à chiner, ainsi dans les vitrines de Ronny Van de Velde (Berchem), qui des boîtes en valise de Duchamp (un million d’euros pour un ensemble de sept), qui une casquette Museum de Marcel Broodthaers (25 000 euros), sans compter un cabinet entier de dessins de Félicien Rops (2 500 à 50 000 euros). Mais un tel aréopage était gâché par un Ensor sans relief de 1927, dont les personnages empruntaient plus à la « Rue Sésame » qu’au carnaval ! Toujours dans le registre de la « belgitude », un Léon Spilliaert fascinant, Les Réverbères (145 000 euros), captait l’attention sur le mur extérieur de Harold t’Kint de Roodenbeck (Bruxelles). La curiosité rencontrait toutefois ses limites, celles du scepticisme, voire de la méfiance, face aux collages de facture constructiviste d’un certain Karl Waldmann, à galerie Pascal Polar (Bruxelles). Aussi troublantes que soient ces œuvres, il est inconséquent de les mettre sur le marché, faute d’un pedigree et d’une authenticité avérés…

Salon « in progress »
À l’éclectisme ambiant répond un bilan commercial disparate mais globalement correct. Les transactions sont surtout allées bon train dans les domaines traditionnels du salon, comme la peinture belge et la sculpture, et, dans une moindre mesure, du côté des arts primitifs. « J’ai vendu 40 % de mon stand en milieu de semaine, mais la foire est très grande et les affaires ne sont pas explosives », nous a indiqué Patrick Claes. Le marchand en arts asiatiques Antoine Barrère (Paris) a relevé que « les gens travaillent un peu moins que l’an dernier, toutes spécialités confondues. On avait pourtant des signaux positifs à Paris, mais le commerce est sans doute plus dilué avec une trentaine d’exposants supplémentaires. » Le vivier d’amateurs belges sur lequel repose le salon est conséquent. L’est-il assez pour satisfaire cent vingt-cinq exposants, d’autant plus que ces collectionneurs sont réquisitionnés deux mois plus tard par la Tefaf ? Bien qu’elle se soit indéniablement bonifiée, la Foire des antiquaires de Bruxelles doit encore rallier une clientèle internationale. La prochaine étape pour un salon in progress.

Cet article a été publié dans Le Journal des Arts n°230 du 3 février 2006, avec le titre suivant : La Foire des antiquaires de Bruxelles se bonifie

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